Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Ivan Krastev, cette voix de l’Est que l’Occident écoute

Les analyses de ce géopoliticien bulgare sur les démocraties populistes de l’ancien bloc soviétique suscitent une attention croissante. En septembre, il occupera la prestigieuse chaire Kissinger à la bibliothèque du Congrès, à Washington.

Par  (Vienne, correspondant)

Publié le 05 mai 2018 à 09h00, modifié le 05 mai 2018 à 09h00

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

Un strudel pour la route, arrosé de petites gorgées de Melange, ce café que l’on boit dans l’ancienne capitale impériale. Au Sperl, un établissement qu’affectionne l’intelligentsia autrichienne, Ivan Krastev est venu en voisin. Membre permanent depuis 2009 de l’Institut des sciences humaines de Vienne (IWM) et directeur du think tank Centre for ­Liberal Strategies de Sofia, dans sa Bulgarie natale, il prend le temps de savourer cette pause entre deux avions tout en répondant aux centaines de courriers électroniques qu’il reçoit en continu sur sa tablette. Car ce philosophe de formation, connu désormais dans le monde entier pour ses analyses géostratégiques post-guerre froide, n’a pas de téléphone portable.

Le lendemain, il doit donner une conférence à Téhéran. « Une première pour moi, avoue-t-il avec gourmandise, à 53 ans. Cela va élargir encore mes perspectives. » En septembre, il occupera la prestigieuse chaire Kissinger de la bibliothèque du Congrès, à Washington. De quoi faire définitivement de cet intellectuel en blouson de cuir et au sourire farceur l’une des voix les plus écoutées des deux côtés de l’Atlantique, lorsque l’on évoque tout ce qui va mal, depuis quelques années : la démocratie, la construction européenne, l’Occident et ses « valeurs universelles ».

Comme il y a eu une « période Zizek » après la crise financière de 2008, nous vivons actuellement un « moment Krastev », car, selon ­Jacques Rupnik, grand spécialiste français de l’Europe centrale et orientale, tous deux ont réussi à diffuser leurs idées auprès d’un large public et dans les arènes les plus prestigieuses du débat. Slavoj Zizek, le Slovène, remplit les amphithéâtres partout. Performeur au style polémique, philosophe influencé par la psychanalyse, il se revendique du marxisme.

Vision globale

Ivan Krastev est tout son contraire : posé, il se situe au cœur du courant de pensée capitaliste dominant et publie une fois par mois un commentaire dans le New York Times. Passionné par la politique bulgare au début de sa carrière, il a progressivement élargi le champ de ses recherches et offre désormais une vision globale de l’évolution actuelle, dans une région où les chercheurs ont souvent du mal à dépasser mentalement les frontières dans lesquelles ils travaillent.

Ivan Krastev est plus connu dans les pays anglo-saxons et germanophones, mais ses ouvrages commencent à être traduits dans l’Hexagone.

Résumer ses thèses n’est pas chose aisée. Etudiant, il fréquentait la faculté sous le régime communiste. Il estime que nous connaissons actuellement, avec le Brexit et la prolifération des partis eurosceptiques, une « période de désintégration » similaire à celle subie par l’Empire austro-hongrois ou par l’Union soviétique. Vieillissante, endettée, oublieuse de la guerre et doutant d’être un véritable modèle, l’Union européenne aurait perdu confiance en elle. L’arrivée d’un nombre important de demandeurs d’asile l’oblige à redéfinir sa conception de la démocratie et à questionner les principes qui la fondent.

Il vous reste 61.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.