Israël, l'histoire d'un peuplement : épisode • 1/4 du podcast L'invention d'un Etat

Copie de la déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël, 1948, Premier Ministre de l'époque : David Ben-Gurion ©AFP - JACK GUEZ
Copie de la déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël, 1948, Premier Ministre de l'époque : David Ben-Gurion ©AFP - JACK GUEZ
Copie de la déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël, 1948, Premier Ministre de l'époque : David Ben-Gurion ©AFP - JACK GUEZ
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Unifier les diverses communautés juives venues d’un peu partout dans le monde, c’est l’un des défis rencontrés par les fondateurs de l’État d’Israël. Comment le peuplement de la Palestine ottomane mandataire et d'Israël a-t-il évolué au fil du temps ?

Avec
  • Alain Dieckhoff Sociologue, directeur de recherche CNRS et directeur du CERI de Sciences Po
  • William Berthomière Géographe et directeur de recherche au CNRS (laboratoire Passages), membre du projet ANR CAMIGRI

Lors de la proclamation de l'indépendance d'Israël le 14 mai 1948, l'arrivée de la population juive en Israël, malgré les restrictions britanniques sur l'immigration, a bouleversé la démographie. À l’époque, les chiffres approximatifs de la population arabe et juive étaient les suivants :

  • Environ 1,5 million de Palestiniens sur l'ensemble de la Palestine mandataire avant la guerre.
  • Environ 60 000 Arabes restent sur le territoire devenu israélien après la guerre en janvier 1949.
  • Environ 160 000 Arabes restent sur le territoire israélien après les accords d'armistice de 1949, au cours duquel Israël va récupérer une partie d’un territoire supplémentaire, le Wadi Ara.
  • Environ 600 000 Juifs étaient présents en Israël à ce moment-là

L'effacement de l'identité d'origine des immigrants

Du rêve intégrateur visant à créer un "Israélien nouveau" — dépassant les stéréotypes associés aux juifs européens — est née cette volonté d'effacement de l'identité d'origine des immigrants. La langue hébraïque a été un élément central dans cette quête d'effacement des identités. D'autres langues unissaient les communautés juives, comme le yiddish. Il a fallu faire un choix et ce choix s'est porté sur l'hébreu. Son apprentissage a été parfois difficile pour les immigrants, et ce depuis cette époque jusqu'à nos jours.

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Le Cours de l'histoire
58 min

Une légalisation rétroactive des immigrants

À partir de 1950, la loi, connue sous le nom de "loi du retour", officialise le droit au retour des juifs de la diaspora en Israël. Elle légalise rétroactivement l'immigration de tous les juifs, y compris ceux venus, par le passé, de manière illégale.

Il n'en restait pas moins un écart entre le discours sur la fusion et la réalité des politiques publiques d'intégration des immigrants juifs en Israël. Si les immigrants juifs d'Europe ont été rapidement intégrés grâce à des réseaux préexistants, cela a été un plus difficile pour ceux des pays d'islam, comme l'Irak, le Yémen et l'Afrique du Nord, qui ont rencontré plus de difficultés d'intégration.

Une répartition sur le territoire

Les politiques publiques de répartition de la population sont marquées par la présence étatique forte dans les années 50 et 60. L'État joue un rôle crucial dans la structuration démographique du territoire. L'installation des populations nouvellement arrivées est géographiquement diversifiée. Cette diversité géographique a des implications sociales et politiques durables en Israël. En revanche, dans les villes comme Tel Aviv, l'installation des immigrants est facilitée par des investisseurs privés plutôt que par l'État. Les populations se concentrant par quartiers en fonction de leur origine.

Les limites du modèle d'intégration israélien

Le modèle d'intégration israélien a ses limites, notamment en ce qui concerne l'intégration partielle des juifs séfarades et mizrahims, souvent restés dans des situations modestes malgré des progrès vers les classes moyennes. La structuration sociale du pays, et des générations issues de ces populations, montre des disparités entre les régions centrales et périphériques.

Des années 50 jusqu'au milieu des années 70, il était question de créer un "homo israélien" en intégrant diverses populations. Cette vision d'intégration est associée à l'idée de la fusion des exilés et du sabra, représentant l'Israélien moderne et libéral. Cependant, cette approche d'intégration est abandonnée dans les années 70 en raison de la diversité croissante de la population, en particulier avec l'arrivée de juifs d'Orient, et de l'affaiblissement de l'État et du socialisme. L'arrivée de la droite politique en 1977 marque ce changement de paradigme.

L'immigration après les années 90

La migration a influencé la croissance de la population israélienne, avec des périodes de creux et de pics, comme dans les années 70 et après les années 90. Plus de 3 millions d'immigrants sont arrivés, dont environ 40 % après les années 90, liés à l'effondrement du bloc soviétique. Cette arrivée massive d'immigrants de l'ex-Union soviétique dans les années 90 a été un changement significatif, représentant environ un million de personnes dans un pays comptant environ 4,5 millions d'habitants à l'époque.

Une émission co-animée par Anaïs Kien

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