L’oasis de Gaza a historiquement construit sa prospérité et son rayonnement sur sa situation stratégique de carrefour commercial entre le Levant et l’Egypte, ainsi que de débouché méditerranéen pour les caravanes venues de la péninsule Arabique. L’établissement d’Israël, en 1948, a fait de ce carrefour une « bande de Gaza » de 360 kilomètres carrés, délimitée, au nord et à l’est, par les lignes du cessez-le-feu israélo-égyptien et, au sud, par la frontière tracée dès 1906 entre la Palestine ottomane et l’Egypte sous occupation britannique.
Le carrefour s’est ainsi transformé en enclave, où deux cent mille réfugiés palestiniens, chassés de leurs foyers par la création d’Israël, ont submergé les quatre-vingt mille habitants de la population locale, l’immensité du désert égyptien du Sinaï les contraignant à demeurer sur place.
Concentrant désormais un quart de la population arabe de la Palestine sur ce qui ne représentait que 1 % de son territoire historique, Gaza est naturellement devenue un foyer du nationalisme palestinien et le creuset de ses combattants, les fedayins.
Le territoire fut occupé deux fois par Israël avant le présent conflit : durant quatre mois de 1956-1957, une occupation particulièrement meurtrière vouée, déjà, à « éradiquer » les fedayins ; puis de 1967 à 2005, une occupation si coûteuse qu’Israël décida de se désengager unilatéralement, un retrait qui affaiblit ainsi l’Autorité palestinienne au lieu de la renforcer, conduisant à la prise de contrôle du territoire par le Hamas. Israël qualifia la bande de Gaza en tant que telle d’« entité terroriste » en 2007 et a soumis depuis lors ce territoire et ses habitants à un blocus continu, blocus que l’offensive en cours n’a fait qu’aggraver.
Balancier des empires
Dès le deuxième millénaire avant notre ère, Gaza avait été la base d’une invasion de l’Egypte par les Hyksos, venus du Levant, avant que les pharaons de Thèbes ne renversent la tendance en s’emparant du Levant à partir de Gaza. Ce balancier des empires se poursuivit dans les combats pour Gaza qui opposèrent au fil des siècles les pharaons aux Assyriens et aux Babyloniens.
C’est Cyrus le Grand qui, en 539 avant notre ère, fortifia Gaza en garnison perse aux portes de l’Egypte, dont son successeur Cambyse s’empara en 525. Au siècle suivant, l’historien grec Hérodote appelle Gaza « Cadytis » et la décrit gouvernée par un « roi des Arabes » qui en contrôle les « comptoirs maritimes ». Les Arabes en question sont probablement des mercenaires passés au service des Perses, non sans conserver l’ombrageuse autonomie de leur « roi ».
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