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En Israël, les fanatiques du Troisième Temple à Jérusalem

Les surenchères des ministres suprémacistes encouragent les groupuscules messianiques qui veulent construire le Troisième Temple sur l’actuelle esplanade des Mosquées, à Jérusalem.

Publié le 03 décembre 2023 à 07h00, modifié le 03 décembre 2023 à 08h05 Temps de Lecture 4 min. Read in English

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Le dôme du Rocher, à Jérusalem.

Yishaï Sarid, sans doute le romancier israélien le plus inventif de sa génération, a publié en 2015 Le Troisième Temple, un livre « d’anticipation biblique » fondé sur des centaines d’heures d’entretiens avec des militants de la mouvance messianique, majoritairement issus des colonies de Cisjordanie. Vingt ans après l’assassinat du premier ministre travailliste Yitzhak Rabin par un fanatique issu de cette même mouvance, Yishaï Sarid avait décidé de prendre très au sérieux, littéralement au pied de la lettre, les discours eschatologiques de ces activistes de la « fin des temps ».

Le roman, couronné par le prestigieux prix Bernstein, suit le narrateur, dont le père « enleva les mosquées du sommet du Mont » pour édifier le Troisième Temple en leur lieu et place. L’écho de cette dystopie résonne aujourd’hui, alors que Benyamin Nétanyahou a promu deux suprémacistes à des portefeuilles-clés, Bezalel Smotrich aux finances (ainsi que ministre délégué à la défense) et Itamar Ben Gvir à la sécurité nationale (avec autorité sur une future « garde nationale »).

Le Temple de Jérusalem a été détruit, une première fois, en 586 avant notre ère, par les Babyloniens, qui emportèrent la population juive en exil. Un demi-siècle plus tard, l’empereur perse Cyrus autorisa le retour des exilés et la reconstruction du Temple. Ce Second Temple fut lui-même détruit en 70, lors de la répression par Rome d’un soulèvement juif. Selon le calendrier hébraïque, la destruction de ces deux temples est intervenue à chaque fois le 9 du mois de Av, marqué depuis tous les ans par un jour de jeûne.

Le Temple et son mont

La commémoration des deux temples disparus a conféré une place essentielle dans la piété juive au « mur », en hébreu le Kotel, qui correspond à l’enceinte occidentale du Second Temple, d’où son appellation de « Mur occidental » ou de « mur des Lamentations ». Ce Kotel est d’autant plus central que le consensus rabbinique interdit l’accès à l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’Islam, après La Mecque et Médine, avec la mosquée Al-Aqsa, citée dans le Coran, et la mosquée d’Omar, ou dôme du Rocher.

Cette esplanade des Mosquées est appelée en arabe Al-Haram al-Sharif (« noble sanctuaire ») et en anglais Temple Mount (« mont du Temple »). Lors de la bataille pour Jérusalem de juillet 1948, deux mois après la proclamation de l’Etat d’Israël, la milice extrémiste du Lehi tente en vain d’approcher le sanctuaire pour en faire exploser les deux mosquées.

Le cessez-le-feu d’avril 1949 divise la Ville sainte entre un secteur occidental, incorporé par Israël, et un secteur oriental, annexé par la Jordanie, où les synagogues sont détruites. Après le triomphe israélien de la guerre des Six-Jours, en juin 1967, Moshe Dayan, ministre de la défense, interdit au rabbin des armées, Shlomo Goren, de détruire la mosquée d’Omar dans la perspective du Troisième Temple. En revanche, le quartier des Maghrébins, qui s’étendait depuis des siècles au pied du Kotel, est démoli en quelques heures. Un nouveau statu quo des lieux saints est alors imposé par l’occupant israélien à Jérusalem-Est, le Mur occidental, à l’accès dégagé par la force, étant réservé au culte juif, alors que l’esplanade des Mosquées est dédiée au culte musulman, les touristes y étant admis à des horaires et par un accès spécifiques.

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