A Riyad, samedi 11 novembre, les dirigeants arabes et musulmans ont mis de côté leurs inimitiés et leurs divergences afin d’afficher un front uni pour condamner la guerre que mène Israël dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.
Le retour brutal de la question palestinienne dans les consciences arabes et musulmanes et l’attentisme du camp occidental, enferré dans un soutien inconditionnel à Israël, appelaient une réponse forte de leur part. Les vieilles fractures qui traversent le Proche-Orient demeurent néanmoins, empêchant l’articulation d’une vision commune pour sortir de la guerre et dessiner un horizon diplomatique pour « le jour d’après ».
Le sommet extraordinaire conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), réuni sous les auspices du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, dit « MBS », est en soi inédit. Dans la droite ligne de l’activisme diplomatique qu’il déploie sur de nombreux dossiers, le jeune prince a endossé son rôle de leader du monde arabo-musulman en conviant ses alliés – le roi Abdallah II de Jordanie, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ou encore le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi – et ses rivaux – le président iranien, Ebrahim Raïssi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et l’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani – à se mobiliser pour Gaza.
D’une seule voix, des dizaines de dirigeants arabes et musulmans ont condamné, dans une déclaration finale, « l’agression israélienne contre la bande de Gaza, les crimes de guerre et les massacres barbares et inhumains perpétrés par le gouvernement d’occupation ».
Ils ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, à la levée du siège de Gaza et à un accès sans entrave de l’aide humanitaire. Tous rejettent le déplacement forcé des Palestiniens de l’enclave vers l’Egypte ou de Cisjordanie vers la Jordanie, et réclament l’arrêt des exportations d’armes vers l’Etat hébreu. Ils ont appelé à une relance du processus de paix pour permettre l’établissement d’un Etat palestinien au côté d’Israël.
Divergences
Chacun de ces dirigeants a eu des mots durs à l’adresse d’Israël et de ses soutiens occidentaux. Mohammed Ben Salman, qui se réjouissait encore en septembre des avancées de la normalisation avec d’Etat hébreu, a dénoncé une « guerre barbare ». Il a dit tenir « les autorités d’occupation [israéliennes] pour responsables des crimes commis contre le peuple palestinien » et a déploré « l’incapacité du Conseil de sécurité [des Nations unies] et de la communauté internationale à mettre fin aux violations flagrantes des lois internationales par Israël ». « Nous sommes certains que le seul moyen de garantir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région est de mettre fin à l’occupation, au siège et à la colonisation », a-t-il ajouté.
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