Assassinats ciblés : une pratique militaire, une question juridique : épisode • 11 du podcast Israël-Palestine : les mots de la guerre

La pilote de drone Maya O'Daly, le 30 juillet 2019, dans une base militaire du sud d'Israël. ©Getty - Guy Prives
La pilote de drone Maya O'Daly, le 30 juillet 2019, dans une base militaire du sud d'Israël. ©Getty - Guy Prives
La pilote de drone Maya O'Daly, le 30 juillet 2019, dans une base militaire du sud d'Israël. ©Getty - Guy Prives
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Dans cet épisode du podcast "Israël-Palestine, les mots de la guerre", Ariel Colonomos, directeur de recherche au CNRS, explique en quoi consistent les "assassinats ciblés", comment ils sont employés dans le conflit israélo-palestinien et les questions juridiques que pose cette pratique militaire.

Avec
  • Ariel Colonomos Directeur de recherches au CNRS, spécialiste des relations internationales.

Dans ce podcast "Israël-Palestine, les mots de la guerre", des spécialistes analysent les mots qui permettent aujourd'hui d'éclairer  le conflit israélo-palestinien. Ariel Colonomos, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po, revient sur les "assassinats ciblés" dans le contexte de cette guerre en particulier.

Exécuter "les dirigeants de demain"

À l'amorce des années 2000, en pleine seconde Intifada, le gouvernement israélien établit une nouvelle tactique militaire face aux factions combattantes palestiniennes : des assassinats dits "ciblés", pour ébranler ces organisations. "En règle générale, les cibles sont des personnes choisies de manière très spécifique, elles ont souvent un rôle intermédiaire au sein de l'organisation, et sont relativement jeunes, autour de la vingtaine. Ce sont les dirigeants de demain, explique Ariel Colonomos. Il y a même une expression utilisée en Israël : 'couper l'herbe quand elle pousse'".

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Malgré une efficacité questionnable selon le chercheur, cette stratégie meurtrière s'est exportée progressivement dans la "guerre contre le terrorisme". Notamment  aux États-Unis, après le 11 septembre"L'une des raisons de la diffusion de cette pratique, c'est l'arme emblème de l'assassinat ciblé : le drone", décrit Ariel Colonomos. Une technologie qui s'est justement développée au cours des années 2000 et 2010... sans que le droit ne puisse toujours suivre.

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"Prévention ciblée" ou "attentats ciblés" ?

Juridiquement, ces assassinats menés dans le cadre du conflit israélo-palestinien demeurent particulièrement ambigus. "Il peut y avoir des cas de figure où par exemple à  Gaza, les Israéliens n'ont pas autorité sur ce territoire et on peut considérer, d'un point de vue juridique, qu'il y a une sorte de conflit continu entre les deux parties", détaille Ariel Colonomos. Dans ce cas, ce n'est pas un problème en droit selon le directeur de recherche. Mais qu'en est-il lorsqu'Israël a l'autorité sur le territoire palestinien où a lieu l'assassinat ciblé ? "Bien évidemment, il y a une violation du droit. C'est comme s'il s'agissait d'appliquer une peine de mort sans procès."

Quels sont les résultats de cette "prévention ciblée", ou "sikul memukad" en hébreu ? Si l'on s'en tient aux statistiques, le nombre d'attentats en Israël a chuté depuis le développement de cette pratique, note Ariel Colonomos. Mais selon lui, cette explication reste contestable : "Il me semble que la raison pour laquelle ces attentats n'ont plus lieu, c'est parce que le mur a été érigé, en séparant certaines parties des territoires palestiniens et d'Israël, rendant beaucoup plus difficile la venue de personnes qui portent des bombes."

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