Moyen-Orient : le retour de la guerre

Un soldat israélien au kibboutz Beeri le 12 octobre 2023, à proximité de la bande de Gaza, où une centaine de corps ont été retrouvés. ©AFP - Aris MESSINIS
Un soldat israélien au kibboutz Beeri le 12 octobre 2023, à proximité de la bande de Gaza, où une centaine de corps ont été retrouvés. ©AFP - Aris MESSINIS
Un soldat israélien au kibboutz Beeri le 12 octobre 2023, à proximité de la bande de Gaza, où une centaine de corps ont été retrouvés. ©AFP - Aris MESSINIS
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Après l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre, comment éviter l’embrasement au Proche et Moyen-Orient ? Le Hezbollah, financé aussi par l’Iran, a tous les moyens militaires d’ouvrir un deuxième front. Qui va appeler à la désescalade et proposer un plan dans un système international fracturé ?

Avec
  • Laurence Nardon Docteure en sciences politiques, responsable du programme États-Unis de l'Ifri
  • Gérard Araud Diplomate, ancien ambassadeur de France aux États-Unis
  • Karim Emile Bitar Professeur de relations internationales à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et chercheur associé à l'IRIS
  • Stéphane Lacroix Professeur à Sciences Po et chercheur au CERI
Affaires étrangères
59 min

Une semaine. Une semaine déjà depuis l’assaut des terroristes du Hamas sur les villages du sud d’Israël, une semaine à découvrir, jour après jour, la barbarie, la sauvagerie infligées à des civils sans défense, 150 d’entre eux pris en otage. Une semaine à déplorer l’engrenage d’une guerre sans merci, l’aggravation des souffrances subies à son tour par la population civile de Gaza – 2 millions, 200 000 habitants, dont 40 % ont moins de 15 ans, pris, eux aussi, en otages par le Hamas et soumis sans espoir aux ultimatums d’Israël. Au-delà de l’émotion et des indignations, au-delà même de ce qui se passe chez nous, en France, un enseignant poignardé hier, vendredi 13 octobre à Arras par un Tchétchène, deux autres personnes grièvement blessées au cri d’Allah Akbar – nous tentons ce matin de comprendre l’ampleur et la nature du choc qui ébranle le Proche et le Moyen-Orient.

Le Qatar et la Turquie en médiateurs ?

Comment éviter l’embrasement ? Au nord d’Israël, dans un Liban exsangue, le Hezbollah, armé et financé par l’Iran comme le Hamas, a tous les moyens militaires d’ouvrir un deuxième front, il se dit prêt. Téhéran va-t-il donner le feu vert ? Est-ce dans son intérêt ? À l’ouest, l’Égypte craint avant tout une évacuation des Gazaouis vers le Sinaï, le président Fattah al-Sissi pris en étau entre son opinion publique et les pressions de son allié américain au point d’en appeler à la Chine. Au sud, en Syrie, le régime croupion doit sa survie à l’Iran et plus encore à la Russie – Vladimir Poutine ne se prive pas de dénoncer les tombereaux de victimes civiles et voit tout l’intérêt d’une autre guerre éclipsant le conflit en Ukraine. Le Qatar, traditionnellement le havre et le financier des Frères Musulmans et du Hamas pourrait jouer au médiateur, tout comme le Turc Erdogan, qui s’est affiché en défenseur de la cause palestinienne. Que va faire le prince héritier d’Arabie saoudite, toujours imprévisible, stoppé net dans son rapprochement avec Jérusalem et qui s’entretient désormais en direct avec le président iranien ? Partout dans le monde arabe, la rue s’enflamme à nouveau pour la cause palestinienne. Elle n’a jamais disparu, elle envahit le vide laissé par des régimes régionaux encouragés à normaliser leurs relations et par les grands acteurs internationaux occupés ailleurs. Le Hamas a réussi à prendre tout le monde de court. Voilà les États-Unis ramenés de force au Moyen-Orient après l’avoir été en Europe : quelle est la marge de manœuvre du président Biden qui réaffirme avec force son soutien indéfectible à Israël ? Les Européens, la France, sont-ils condamnés à l’impuissance alors que leurs propres opinions publiques s’échauffent dangereusement ? Qui va enfin appeler à la désescalade, calmer les belligérants, proposer un plan, une conférence, ou alors le système international, à commencer par l’ONU, est-il tellement fracturé que seules la haine et la guerre ont le champ libre ?

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Laurence Nardon est productrice du podcast hebdomadaire  New Deal, un partenariat entre l’Ifri et Slate. Gérard Araud a publié  Nous étions seuls. Une histoire diplomatique de la France, 1919-1939, (Tallandier, 2023). Stéphane Lacroix a écrit  Les islamistes saoudiens : une insurrection manquée (PUF, 2010) ; et  L’Égypte en révolution(s) (PUF, 2014). Il a également publié en anglais Revisiting the Arab Uprisings (Revisiter les printemps arabes), avec Jean-Pierre Filiu (Oxford University Press, 2018.)

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