Otages du Hamas : comment Israël peut-elle opérer ?

Un manifestant lors d'un rassemblement de soutien au peuple d'Israël sur la Côte d'Azur, à Nice, le 9 octobre 2023. ©AFP - VALERY HACHE / AFP
Un manifestant lors d'un rassemblement de soutien au peuple d'Israël sur la Côte d'Azur, à Nice, le 9 octobre 2023. ©AFP - VALERY HACHE / AFP
Un manifestant lors d'un rassemblement de soutien au peuple d'Israël sur la Côte d'Azur, à Nice, le 9 octobre 2023. ©AFP - VALERY HACHE / AFP
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Plus de cent personnes sont détenues par le Hamas, capturées au cours de l’assaut du 7 octobre. Parmi elles, des militaires, mais aussi des civils — c’est une prise d’otage qui marque par son ampleur et sa localité, sur le territoire de Gaza.

Avec
  • Ariel Colonomos Directeur de recherches au CNRS, spécialiste des relations internationales.

Le Hamas entend utiliser ces otages comme bouclier face aux bombardements, ou comme monnaie d'échange, contre des Palestiniens détenus : quelles sont les marges de manœuvre d’Israël ? Alors que les images ont fait le tour du monde et ont ému la communauté internationale : quel va être le poids de cette prise d’otage dans le conflit ?

Un épisode inédit dans le conflit israélo-palestinien

Les prises d’otages en cours ont un caractère inédit dans le conflit israélo-palestinien. Ariel Colonomos, chercheur au CNRS, au CERI et professeur à Sciences Po, explique en quoi celles-ci se distinguent des prises d'otages précédentes : “il y a déjà entre 100 et 150 otages. On se rappelle du cas du franco-israélien  Gilad Shalit, prisonnier du Hamas à Gaza pendant cinq ans, de 2006 à 2011. Contre sa libération, Israël avait libéré 1 027 prisonniers palestiniens. Ici, la situation est différente, en raison du nombre et de la plurinationalité des otages. Elle l’est également, car les otages sont retenus dans une zone, Gaza, où l’accès est rendu difficile”.

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La “doctrine Hannibal”

Le fait que tant d'Israéliens soient pris en otage à Gaza pose le problème de leur libération. En 1986, les Israéliens ont conçu une doctrine qui porte un nom évocateur, “Hannibal”. “Cette doctrine dit qu’en cas de prise d’otages, la force peut être utilisée massivement au risque de tuer l’otage. C’est très significatif : on décide de mettre en danger l’otage pour le libérer.” Cette doctrine n’est pas partagée par tous les pays : “on considère parfois qu’on ne négocie pas avec des personnes qu’on estime être des terroristes. La Grande-Bretagne s’est distinguée par cette pratique. Cette politique n’a pas eu d’effets politiques véritables. Ici, on voit qu'Israël accepte de négocier”, ajoute Ariel Colonomos. Ce qui est visé dans ce cas, ce n’est pas tant le gouvernement en lui-même que l'opinion publique, dans la mesure où la question des otages suscite beaucoup d’émotions.

Des médiateurs en vue ?

Si des pays comme l’Égypte ou le Qatar ont proposé de jouer le rôle de médiateurs, il n’y a pas encore de négociations tenues, notamment sur la question du sort des enfants et des femmes otages. “Dans la politique des otages, il y a toujours des médiateurs. Les femmes et les enfants sont des catégories de personnes qui seront sans doute libérées en premier s’il y a libération”, selon Ariel Colonomos. Néanmoins, il est légitime de s’interroger sur de possibles exécutions d'otages : “du point de vue des ravisseurs, ce genre de menace est à manier avec beaucoup de précautions, car si les otages meurent, ils n'ont plus de monnaie d’échange. Il est insupportable pour un gouvernement que le sort des otages dépendent des ravisseurs”, souligne le chercheur en précisant qu’une telle politique d’otages s’accompagne souvent du risque de perdre la bataille de l’opinion.

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