Israël : vers une démocratie illibérale ? Les conséquences de cette politique sur la région...

Manifestations contre la réforme de la justice souhaitée par le gouvernement Israélien ©AFP - JACK GUEZ
Manifestations contre la réforme de la justice souhaitée par le gouvernement Israélien ©AFP - JACK GUEZ
Manifestations contre la réforme de la justice souhaitée par le gouvernement Israélien ©AFP - JACK GUEZ
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Le 29 décembre, Netanyahou est revenu au pouvoir avec la coalition la plus à droite de l'histoire d'Israël. Depuis, on assiste à des manifestations, des heurts violents avec la Palestine. Comment réagissent la communauté internationale et les pays arabes voisins ?

Avec
  • Bertrand Badie Professeur des relations internationales
  • Thomas Gomart Historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
  • Gaïdz Minassian Journaliste au Monde, docteur en sciences politiques et enseignant à Sciences Po Paris
  • Laetitia Bucaille Professeure de sociologie politique à l'INALCO

L'évolution d’Israël : sous l’égide de Benyamin Netanyahou, le pays est-il en train de quitter le cercle des démocraties ?

Des manifestations encore plus nombreuses et fournies hier soir en Israël, pour la 9e semaine consécutive, contre la réforme de la justice que tente d’imposer le gouvernement Netanyahou. 150.000 manifestants dans les rues de Tel Aviv, d’après des sources policières citées par le quotidien Haaretz. 250.000 dans tout le pays. Mobilisation répétée et inédite dans un pays de neuf millions d’habitants.

Une contestation massive qui ne rassemble pas seulement les leaders de gauche et du centre, mais aussi des figures de droite : Avidgor Liberman, ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères, est ainsi apparu hier soir pour dénoncer la volonté de Netanyahou de faire du pays une monarchie. D’anciens chefs de l’armée et du renseignement dénoncent un « coup d’État » qui menacerait de « transformer l’armée en une dictature de fait ».

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Hier soir, des manifestations ont encore eu lieu en Israël. Des protestations parfois violemment réprimées. Benyamin Netanyahou dénonçant la violence et l’anarchie de ses opposants. Quand certains de ses ministres les qualifient de « terroristes ».

Deux des dispositions phares de la réforme ont déjà été votées par le Parlement. La première modifie le processus de nomination des juges. La deuxième organise une mise sous tutelle de la Cour suprême en l’empêchant en pratique d’invalider toute nouvelle loi fondamentale votée par la Knesset.

Le gouvernement voudrait aussi introduire une « clause dérogatoire », permettant au Parlement d’annuler, à la majorité simple, certaines décisions de la Cour suprême. Benyamin Netanyahou étant lui-même jugé pour corruption, ses opposants estiment qu’en cas d’adoption de la réforme, il pourrait s’en servir pour casser son éventuelle condamnation.

Enfin, la Knesset a voté mercredi dernier un autre texte qui vise à restreindre les possibilités de destitution d’un Premier ministre.

L’atmosphère est à ce point éruptive que les milieux d’affaires s’inquiètent, que des départs d’entreprises ont été signalés et que l’économie israélienne pique du nez. Le shekel a chuté cette semaine à son plus bas niveau face au dollar depuis trois ans.

Netanyahu a été reçu il y a un mois à l’Elysée par Emmanuel Macron. Citant un des convives du dîner, le Times of Israel explique qu’Emmanuel Macron aurait informé son hôte que, si cette réforme devait être menée à bien, « Paris conclurait qu’Israël ne partage plus une conception commune de la démocratie. »

Le renoncement international sur la question palestinienne

Un nouveau cycle de violences s’est donc enclenché dans la foulée de l’investiture du gouvernement Netanyahou fin décembre.

Le gouvernement, sous l’influence de l’extrême droite et des ultraorthodoxes, cherche aussi à imposer une lecture purement religieuse de l’identité juive et à élargir l’annexion de fait de la majeure partie de la Cisjordanie.

Il y a 2 semaines, les forces israéliennes ont procédé à Naplouse à l’incursion la plus meurtrière en Cisjordanie occupée depuis 2005, en tuant 11 Palestiniens, dont un adolescent de 16 ans. 80 personnes ont été blessées par balles.

Hier, 6 pays d’Europe dont la France a appelé Israël à stopper la colonisation.

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