La France en Afrique / La loi de programmation militaire

Des soldats de l'armée Française au Burkina Faso / Les vœux d'Emmanuel Macron à l'armée ©AFP
Des soldats de l'armée Française au Burkina Faso / Les vœux d'Emmanuel Macron à l'armée ©AFP
Des soldats de l'armée Française au Burkina Faso / Les vœux d'Emmanuel Macron à l'armée ©AFP
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La France a retiré ses troupes du Mali, de la Centrafrique et partira bientôt du Burkina Faso. Quelles sont les relations entre la France et le Sahel ? / Le 20 janvier Emmanuel Macron a annoncé 413 milliards d’euros d'investissement pour la loi de programmation militaire de 2024-2030.

Avec
  • Sylvie Kauffmann éditorialiste au journal « le monde », spécialiste notamment des questions internationales.
  • Bertrand Badie Professeur des relations internationales
  • Thomas Gomart Historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
  • Hubert Védrine Diplomate, ancien ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin et ancien secrétaire général de la présidence de la République sous François Mitterrand

Comment la France et son armée sont devenus non grata dans une partie de l’Afrique ?

Après avoir été remplacée par les Russes au Mali, la France se voit donc poussée dehors par le Burkina, où les 400 soldats des forces spéciales auront plié bagage d’ici la fin février.

Un départ salué hier dans la capitale Ouagadougou par plusieurs milliers de soutiens à la junte au pouvoir, qui brandissaient à la fois des drapeaux russes et des pancartes où on pouvait lire « L’impérialisme, à bas », « En avant pour la souveraineté du Burkina » ou « Non au diktat de Macron ».

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Le Burkina Faso, théâtre de 2 coups d’états militaires en 8 mois, est confronté –comme ses voisins- à la violence des groupes des djihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à Daesh, qui y ont fait depuis 2015 des milliers de morts et 2 millions de déplacés.

Avant de dénoncer l’accord de défense qui le liait à la France, le pays s’était rapproché de la Russie, le Premier ministre burkinabe qui s’était rendu à Moscou début décembre, expliquant qu’un partenariat avec les Russes était « un choix de raison ».

La France compte toujours des troupes en Côte d’Ivoire, au Niger et au Sénégal, environ 3000 militaires. Mais aucun pays n’est épargné par la montée de l’hostilité anti-française.

D’où le constat de l’ancien journaliste, spécialiste de l’Afrique Stephen Smith mardi dans Le Figaro : « La France doit vivre avec le reproche qu’elle est responsable du bilan des indépendances. Mais il lui reste à comprendre le paradoxe que sa responsabilité monte en flèche, alors que son influence en Afrique ne cesse de se réduire ». Qui peut expliquer ce paradoxe ?

Quelle stratégie de défense de la France ?

Lors de ses vœux aux armées il y a 10 jours sur la base de Mont-de-Marsan, Emmanuel Macron a annoncé que le budget de la défense augmentera d’un tiers sur la période 2024-2030, à 400 milliards d’euros.

Augmentation significative et inédite : la précédente loi de programmation militaire 2019-2025 prévoyait un budget de 295 milliards. Elle a permis de réparer nos armées, en leur redonnant du souffle et des moyens, a assuré le chef de l’Etat. Quand la prochaine devra les transformer.

Parmi les priorités affichées par le président : mieux assurer notre capacité à faire face à la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité.

La question est en effet posée depuis 1 an, depuis l’entrée des troupes russes sur le sol ukrainien : l’armée française, qui ne veut pas se délester de ses chars Leclerc, serait-elle capable d’endurer un conflit comme celui qui fait rage à l’est de l’Europe, conflit dit de haute intensité ?

La France qui envoie depuis des décennies des corps expéditionnaires à travers le monde, serait-elle encore capable de défendre son territoire ? Question qui n’est plus seulement théorique.

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