Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Femme, vie, liberté », un slogan qui vient de loin

Cela fait de longues années que certains partis kurdes ont popularisé le slogan « Femme, vie, liberté », devenu le cri de ralliement de la contestation en Iran, ainsi que de la solidarité féministe dans le reste du monde.

Publié le 09 octobre 2022 à 07h00, modifié le 09 octobre 2022 à 11h01 Temps de Lecture 3 min. Read in English

Article réservé aux abonnés

Rien ne sera plus jamais pareil en Iran depuis l’arrestation, le 13 septembre, de Mahsa Amini par la police des mœurs à Téhéran, pour n’avoir pas porté assez strictement son voile, imposé par la République islamique à toutes les femmes du pays. Rouée de coups au commissariat, elle est transportée dans un coma profond jusqu’à l’hôpital où elle meurt trois jours plus tard. Le martyre de cette femme de 22 ans, au lieu de rester un sinistre fait divers, soulève une vague de protestation qui s’étend bientôt à l’ensemble du pays. Le slogan « Femme, vie, liberté » retentit dans des manifestations sans précédent, que la répression gouvernementale, malgré sa sanglante brutalité, ne parvient pas à étouffer. A l’étranger, c’est ce même slogan, décliné dans toutes les langues locales, qui est scandé dans les rassemblements de solidarité. Ce cri de ralliement a pourtant déjà une longue histoire, indissociable d’un certain militantisme kurde.

Un triptyque féministe

C’est sans doute en avril 2013, à Ankara, que résonne pour la première fois le slogan « Femme, vie, liberté », lors du congrès de la branche féminine du BDP (Parti de la paix et de la démocratie), une formation majoritairement kurde et historiquement liée au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Le fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie depuis 1999, vient alors d’appeler à une suspension des hostilités entre les guérilleros séparatistes et le gouvernement Erdogan. Le cessez-le-feu ainsi conclu s’accompagne du transfert vers la Syrie des combattants kurdes, les fameux peshmergas, qui quittent le Bakur, le « Nord » turc de leur Kurdistan rêvé, pour s’installer au Rojava, l’ouest de ce Kurdistan à venir (dans le même esprit, le Kurdistan iranien est appelé par les militants indépendantistes « Rohjelat », soit l’Est, et le Kurdistan irakien « Bashur », soit le Sud). Ce processus de paix permet au BDP de développer ses activités en Turquie et de mettre en avant son programme féministe, avec notamment des quotas de représentation à vocation paritaire.

Öcalan, dont les écrits sont étudiés avec méthode dans toute la mouvance du PKK, considère, en effet, que « la libération des femmes est la libération du Kurdistan ». Le démantèlement du système patriarcal est à ses yeux indissociable de l’émancipation à la fois sociale et nationale du peuple kurde. En juillet 2014, le BDP se dissout au sein du HDP (Parti démocratique des peuples), qui réalise un score sans précédent de 13 % des suffrages aux législatives de juin 2015.

Il vous reste 56.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.