Législatives en Italie : son parti en tête, Giorgia Meloni revendique la direction du prochain gouvernement

La formation d’extrême droite est arrivée en tête ce dimanche en Italie, où pour la première fois depuis 1945 un parti post-fasciste pourrait gouverner le pays.

    C’est une déflagration en Europe. Fratelli d’Italia est arrivé en tête des élections législatives italiennes. Le parti d’extrême droite a recueilli 26 % des voix, selon les résultats du ministère italien de l’Intérieur. « Les Italiens ont envoyé un message clair en faveur d’un gouvernement de droite dirigé par Fratelli d’Italia », a réagi la patronne d’extrême droite italienne, Giorgia Meloni, affirmant ainsi son ambition de devenir Première ministre. « Nous gouvernerons pour tous » les Italiens, a-t-elle promis.

    « Nous le ferons dans l’objectif d’unir le peuple », a-t-elle ajouté dans un discours de rassemblement et d’apaisement en reconnaissant que la campagne électorale avait été « violente et agressive ». La coalition que Fratelli d’Italia forme avec l’autre parti eurosceptique d’extrême droite, la Ligue de Matteo Salvini, et Forza Italia, le parti conservateur de Silvio Berlusconi, récolte environ 44 % des suffrages selon les derniers résultats, ce qui lui assure la majorité absolue des sièges aussi bien à la Chambre des députés qu’au Sénat.

    Un séisme à l’échelle de l’Italie

    Pour la première fois depuis 1945, un parti post-fasciste pourrait gouverner l’Italie. La coalition a un « net avantage aussi bien à la Chambre qu’au Sénat », s’est réjoui sur Twitter Matteo Salvini. « La nuit sera longue, mais je veux déjà vous remercier ».

    Au total, 50 millions d’électeurs italiens étaient appelés aux urnes. À seulement 45 ans, Giorgia Meloni est ainsi la favorite pour prendre la tête d’un gouvernement de coalition au sein duquel l’extrême droite dominerait largement la droite classique. Un séisme à l’échelle de l’Italie, pays fondateur de l’Europe communautaire et troisième économie de la zone euro, mais aussi de l’UE, qui devrait composer avec cette idéologue proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban.

    « En Europe, ils sont tous inquiets de voir Meloni au gouvernement (…) La fête est finie, l’Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux », a mis en garde Giorgia Meloni durant sa campagne. Cette ex-fan de Mussolini, dont la devise est « Dieu, patrie, famille », a réussi à dédiaboliser son parti et catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations de ses compatriotes en campant résolument dans l’opposition au gouvernement d’unité nationale de Mario Draghi.



    Le Parti démocrate (PD), la principale formation de gauche, n’a pas réussi à faire jouer le vote utile contre l’extrême droite et doit se contenter d’un score à 19 % des voix. Le Mouvement 5 Étoiles (M5S, ex-antisystème) obtient 15 %, en chute par rapport à son score historique de plus de 30 % en 2018.

    Un contexte difficile pour Giorgia Meloni

    Avec ses deux alliés Matteo Salvini et Silvio Berlusconi, Giorgia Meloni promet des baisses d’impôt, le blocage des migrants traversant la Méditerranée, ainsi qu’une politique familiale ambitieuse pour relancer la natalité dans un pays vieillissant.

    Mais le chemin du futur gouvernement apparaît d’ores déjà semé d’embûches. Il devra gérer la crise causée par la flambée des prix alors que l’Italie croule sous une dette représentant 150 % du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce. Dans ce contexte, la manne du plan européen de relance post-pandémie, dont l’Italie est de loin le premier bénéficiaire, sera indispensable pour maintenir à flot la péninsule.

    « L’Italie ne peut pas se permettre de se priver de ces sommes d’argent », observe l’historien Marc Lazar, jugeant donc « très limitée la marge de manœuvre de Meloni » sur l’économie. Elle pourrait en revanche ferrailler contre Bruxelles aux côtés de Varsovie et Budapest « sur les questions de défense de l’intérêt national par rapport aux intérêts européens ».