En Italie, le Parti démocrate sera-t-il le grand perdant de l’élection ?
La gauche italienne devrait essuyer un échec aux élections qui se tiennent dimanche, face à la victoire attendue de l’extrême droite postfasciste menée par Giorgia Meloni.
En politique italienne , tout est affaire de coalition, ou presque. Les élections qui se tiennent dimanche pour renouveler les députés et les sénateurs ne dérogent pas à la règle. D’un côté, une large coalition de droite, emmenée par le parti d’extrême droite d’origine fasciste Fratelli d’Italia (FDI). De l’autre, une petite coalition de centre gauche portée par le Parti démocrate (PD). Au milieu, les partis Azione et Italia Viva qui se veulent une « troisième voie ». À côté, enfin, les antisystème du Mouvement 5 étoiles .
Lire aussi - « Là où va Meloni, tout va bien » : les Italiens s’apprêtent à donner le pouvoir à l’extrême droite
Les derniers meetings ont eu lieu vendredi soir. Après une campagne extrêmement courte menée en plein été, des heures sombres s’annoncent pour le Parti démocrate d’Enrico Letta, crédité de 21 à 22 % des votes. La faute à son impossibilité de rassembler, d’abord. « Le Parti démocrate a été pris de court par la chute du gouvernement de Mario Draghi qui avait été lâché par les Cinq étoiles », explique Marc Lazar, professeur à Science-Po Paris et à l’université Luiss de Rome. Fin juillet, lorsque les Cinq étoiles refusent d’accorder leur confiance au gouvernement d’unité nationale de Draghi, Enrico Letta, fervent soutien de l’ancien président de la Banque centrale européenne, ne leur pardonne pas. Plus question de s’allier avec eux dans une large coalition en vue des élections, prévues à l’origine pour le printemps 2023. Letta cherche du côté des centristes de droite de Carlo Calenda (Action) associé au petit parti de Matteo Renzi (Italia Viva), mais l’accord ne tient pas. Après avoir accepté, Calenda refuse finalement d’appartenir à une coalition qui accueille aussi le parti de gauche et les Verts.
Le parti a perdu le contact avec son électorat populaire
Las, Enrico Letta se retrouve à la tête d’un groupe restreint, incapable de concurrencer la grande coalition de droite (Fratelli d’Italia, la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi). Créditée de 45 % des intentions de vote, cette coalition pourrait, grâce au système électoral mixte (proportionnel et uninominal), obtenir une confortable majorité des sièges au Parlement. Et donc, former un gouvernement, avec Giorgia Meloni comme présidente du Conseil. Le parti d’extrême droite de Meloni risque en effet de devenir le premier parti du pays avec 24 à 25 % des voix. Une première. Mais à quel prix ? Fatigués de ces jeux de coalitions, de nombreux Italiens n’iront pas voter dimanche. L’abstention pourrait dépasser les 50 %.
Lire aussi - Élections en Italie : 5 choses à savoir sur la favorite Giorgia Meloni, leader de l’extrême droite
Mais les alliances ne font pas tout. Le Parti démocrate a depuis longtemps perdu le contact avec une partie de son électorat populaire. « La gauche a été incapable d’interpréter les attentes sociales, analyse Massimiliano Valerii, directeur à Rome du Censis, institut de recherches socio-économiques. Elle a substitué les droits civiques aux droits sociaux. Elle a oublié d’apporter une réponse aux demandes sociales, comme trouver un travail, obtenir une reconnaissance sociale, un bien-être. »
L’électorat du PD est aujourd’hui cantonné aux centres-villes, avec un niveau d’instruction supérieur et des revenus aisés. « C’est un phénomène qui touche la gauche européenne, précise Marc Lazar. Enrico Letta avait l’ambition de réformer le parti mais la tenue de ces élections anticipées ne lui a pas laissé le temps. De plus, le parti est toujours tiraillé entre sa composante centriste et sa composante radicale. » Les résultats de dimanche décideront de l’avenir du parti. En dessous de 20 %, ce sera le désastre, et des règlements de compte en perspective. Un résultat au-dessus de 24-25 % permettrait de sauver la face.
« Dossieraggio » : le scandale politico-judiciaire qui secoue l’Italie
Un scandale politique et judiciaire majeur a éclaté en Italie au début du mois de mars, rappelant les résonances de l'opération « Mains propres » des années 90, qui avait profondément bouleversé et décimé la classe politique italienne, entraînant une vaste recomposition du paysage politique.
Rencontre Meloni-Biden, nouveau président finlandais… Les 4 infos dont vous allez entendre parler demain
Chaque soir, le JDD vous présente les infos dont vous allez entendre parler le lendemain : rencontre entre Giorgia Meloni et Joe Biden ; prise de fonction du nouveau président finlandais Alexander Stubb ; durcissement de sanctions contre la Russie et nouveautés en matière de finances personnelles au 1er mars.
Sardaigne : première défaite électorale pour Giorgia Meloni
ITALIE. Une petite bombe politique vient d’exploser à la figure de Giorgia Meloni. Lors de l'élection régionale en Sardaigne ce dimanche 25 février, la gauche, rassemblée en coalition, a gagné de justesse avec 45,4% des votes, devançant de peu la coalition de droite, qui inclut les trois partis au gouvernement.
Élections européennes : Marion Maréchal se rallie à ECR, le groupe de Giorgia Meloni
La tête de liste de Reconquête! aux élections européennes, Marion Maréchal, a annoncé que le parti se ralliait au groupe ECR au Parlement européen, celui de Giorgia Meloni.
Matthieu Falcone au JDD : « La littérature doit donner des coups de poing »
FABLE. L’écrivain imagine le retour de la monarchie avec, à sa tête, un ancien président ressemblant étrangement à Emmanuel Macron.