Pourquoi le Conseil de sécurité de l'ONU ne sera pas réformé pour exclure la Russie
Réclamée mercredi par Emmanuel Macron et Joe Biden, la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU est un vieux débat, qui agite l’Organisation depuis près de quarante ans. Mais celle-ci risque, une nouvelle fois, d’être paralysée par le droit de veto dont dispose la Russie, en tant que membre permanent du Conseil.
« Je souhaite que nous engagions enfin la réforme du Conseil de sécurité » : par cette déclaration à l’Assemblée générale des Nations unies , mardi, Emmanuel Macron a relancé un débat qui agite l’Organisation depuis près de quarante ans. Fait nouveau : le président français a été rejoint par son homologue américain Joe Biden, qui a lui aussi appelé à « augmenter le nombre de membres permanents et non permanents » de cette instance de l'ONU, chargée du maintien de la paix et de la sécurité internationale.
C'est la première fois que les deux membres du conseil permanent que sont la France et les États-Unis se prononcent pour sa réforme. Le Conseil de sécurité des Nations unies est en effet composé depuis 1945 de cinq membres permanents, les États-Unis, la France, la Russie, la Chine et le Royaume-Uni, dotés de l’arme nucléaire et d’un droit de veto, et de dix membres non permanents, élus pour deux ans et sans droit de veto.
Peu représentatif
Conçue sur un principe d’efficacité et non de représentativité, calqué sur « l’équilibre des forces existant en 1945, et non en 2022 », selon Christian Lequesne, chercheur à Sciences Po CERI, l’instance est régulièrement paralysée par le droit de veto dont usent - et abusent - ses membres à chaque crise internationale. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a par exemple bloqué plusieurs résolutions, empêchant par exemple l’envoi de casques bleus dans le pays ou l’adoption de sanctions.
La Russie risque d’ailleurs de bloquer de la même façon toute réforme du Conseil de sécurité qui irait à son encontre : la Charte des Nations Unies stipule en effet que chaque réforme doit être acceptée par la majorité des deux tiers des Membres de l’Assemblée générale de l’ONU… et par « tous les membres permanents du Conseil de sécurité ». Une sorte de veto négatif qui empêchera la mise en œuvre d’une réforme du Conseil sans l’accord de la Russie.
"Un rendez-vous avec les pays du Sud
"
Mais même s’il était possible d’obtenir l’unanimité du Conseil de sécurité, « une réforme est un processus de moyen voire long terme, qui prend du temps, balaie Christian Lequesne. L'annonce de Macron et de Biden est donc plutôt une façon de prendre date, un rendez-vous avec les pays du Sud. »
Une main tendue
Inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU depuis des décennies, la demande de réforme du Conseil de Sécurité est en effet portée avec force par les pays du Sud et le Japon, qui lui reprochent son manque de représentativité géographique. Macky Sall, le président du Sénégal et de l’Union africaine a ainsi déclaré à la tribune de l’ONU mardi : « Il est temps de faire droit à la juste et légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité. »
Le continent africain n’est en effet pas représenté au sein du Conseil, alors que la majorité des opérations de maintien de la paix de l’ONU se déroule aujourd'hui sur son territoire. L’Inde, le Japon, le Brésil et l’Allemagne réclament également une place permanente au Conseil de sécurité, en soulignant depuis 2005 l’importance de leurs contributions financières à l’ONU.
Pour Christian Lequesne, les propositions de Biden et de Macron interviennent donc à un moment choisi, alors que les revendications des pays du Sud se renforcent et que leurs relations avec l’Occident sont tendues. « Au début de la guerre en Ukraine, de nombreux pays n’ont pas souhaité s’aligner contre la Russie et prendre le parti de l’Occident, remarque le chercheur. Mais il semble que les positions des puissances du Sud bougent vis-à-vis de la Russie : l’Inde, par exemple, était restée neutre, mais on sent qu’elle est en train de changer de position depuis la tenue du sommet de Samarcande . Je pense que c’est pour cela que Biden et Macron évoquent maintenant une réforme du Conseil de sécurité. C’est une façon de tendre la main, contre les influences de la Chine et de la Russie. Mais ce ne sera pas pour demain. »
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