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Le jeu trouble de l’Inde sur la scène internationale

Proche de la Russie, partenaire des Occidentaux, le premier ministre, Narendra Modi, prône un « multi-alignement » et exploite au maximum les contradictions du monde pour faire fructifier ses intérêts nationaux.

Publié le 17 septembre 2022 à 14h00, modifié le 17 septembre 2022 à 14h00 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Le premier ministre indien Narendra Modi et le président russe Vladimir Poutinelors d’une rencontre en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai  à Samarcande, en Ouzbékistan, le 16 septembre 2022.

C’est une phrase qui arrive bien tard et qui ne suffira pas à marquer un changement de stratégie. Le premier ministre indien a signifié, vendredi 16 septembre, au président Vladimir Poutine que l’heure n’est « pas à la guerre ». « Je sais que l’ère actuelle n’est pas une ère de guerre, et je vous en ai parlé au téléphone », a-t-il déclaré au chef de l’Etat russe lors d’un tête à tête organisé lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï, à Samarcande, en Ouzbékistan. En 2017, Narendra Modi avait choisi de faire entrer l’Inde dans cette organisation considérée comme un front contre l’Occident.

Malgré les multiples tentatives des Occidentaux, le premier ministre indien s’est toujours refusé à condamner l’attaque russe contre l’Ukraine, se contentant d’appeler les deux parties à « retourner à la table des négociations » sans désigner l’agresseur. Le grand écart de la diplomatie indienne se poursuit et s’accentue, même. Juste avant son départ pour Samarcande, Narendra Modi avait reçu, à New Delhi, la ministre des affaires étrangères française, Catherine Colonna, pour réaffirmer sa volonté de bâtir une force de coopération et de défense dans l’Indo-Pacifique, destinée à contrer la puissance chinoise.

Eviter les alliances

A elles seules, ces deux rencontres résument le jeu paradoxal de l’Inde, un pied dans le camp occidental, un autre dans la « russosphère », sans jamais se lier les mains. Les Occidentaux ont échoué à ramener l’Inde dans leur giron, mais aussi à lui imposer de se joindre aux sanctions internationales contre Moscou. Les Européens et les Américains avaient espéré, avec la guerre en Ukraine, convaincre Narendra Modi de prendre ses distances avec la Russie, son principal fournisseur d’armes et allié historique. Il n’en a rien été. L’Inde s’est régulièrement abstenue de voter les résolutions de l’ONU condamnant l’invasion russe. Elle a tout juste cosigné une déclaration du G7, en juin, s’engageant à « respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté des autres Etats ». Et elle continue d’acheter des armes à Moscou et son pétrole à bas coût. Malgré l’embargo européen sur le pétrole russe, la Russie a désormais supplanté l’Arabie saoudite en tant que premier fournisseur de pétrole de l’Inde. Les livraisons d’engrais russes ont été multipliées par huit.

A Samarcande, Vladimir Poutine s’est félicité auprès de son interlocuteur de la mise en œuvre de « projets conjoints à grande échelle dans le secteur du pétrole et du gaz et dans l’industrie de l’énergie nucléaire ». En fait, bien loin de modifier le jeu des alliances indiennes, l’offensive russe a mis en lumière la nouvelle stratégie déployée par New Delhi : le multi-alignement. Théorisé par le ministre des affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar dans son livre The Indian Way (2020, non traduit), le multi-alignement n’a plus rien à voir avec le non-alignement de Nehru (1889-1964), fondé sur les valeurs gandhiennes de non-violence.

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