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« Giorgia Meloni décline le thème de l’identité nationale, cette question historique jamais vraiment résolue de l’Italie depuis son unité »

Oscillant entre volonté de rassurer et tempérament extrémiste, la cheffe du parti Fratelli d’Italia, en tête aux élections du 25 septembre, n’a de cesse de rassembler des Italiens inquiets, analyse le politiste Marc Lazar dans une tribune au « Monde ».

Publié le 26 septembre 2022 à 17h00, modifié le 26 septembre 2022 à 17h13 Temps de Lecture 4 min.

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Un événement historique s’est produit en Italie et dans l’Union européenne. Pour la première fois depuis que, le 2 juin 1946, les Italiens ont choisi la République par référendum, la présidence du conseil des ministres reviendra certainement à une femme, Giorgia Meloni, qui a un passé fasciste dans un pays dont la Constitution est antifasciste. Elle a, en large partie, rompu avec ce passé sans le répudier totalement, et, oscillant entre volonté de rassurer et tempérament extrémiste, elle s’efforce de transformer Fratelli d’Italia en un parti de droite radicale, au style populiste, conservateur et parfois même réactionnaire. Parmi les nombreuses questions que soulève cet événement, trois d’entre elles méritent d’être abordées.

D’abord, comment Giorgia Meloni a-t-elle gagné ? Fratelli d’Italia n’est pas seul. Il appartient à une coalition avec la Ligue de Matteo Salvini, Forza Italia de Silvio Berlusconi et quelques minuscules partis centristes. Cette coalition, au-delà de ses divergences, par exemple sur l’Europe et la guerre en Ukraine, a été parfaitement adaptée aux particularités du mode de scrutin. Elle présentait un seul candidat dans les collèges uninominaux majoritaires à un tour appelés à désigner 37,5 % des députés et sénateurs. Face aux candidats des oppositions divisées – du centre, du Parti démocrate de centre gauche et ses petits alliés, du Mouvement 5 étoiles –, elle a fait une razzia. Ce triomphe était donc mécaniquement prévisible.

La position dominante acquise par Fratelli d’Italia dans la coalition constitue un autre fait inédit. Ce parti obtient, dans la partie proportionnelle, 26 % des suffrages à la Chambre des députés (4,3 % en 2018), en plus des quelque 9 % de la Ligue et des 8 % de Forza Italia, donnant un total de près de 44 % à un ensemble non plus de centre droit mais de droite centre.

D’où la deuxième question : pourquoi Giorgia Meloni a-t-elle pris un tel ascendant ? Depuis 1994, les Italiens ont systématiquement choisi l’alternance. Or son parti, né en 2012, a toujours été dans l’opposition et apparaît comme neuf alors qu’il provient d’une vieille famille politique. Toutefois, Giorgia Meloni ne veut pas simplement accéder au pouvoir ; elle entend représenter l’alternative, résoudre la profonde défiance politique des Italiens (dont atteste le record d’abstention, plus de 36 %) et remédier à leur mécontentement social.

Bouleversements populationnels

Elle quitte son ancrage traditionnel dans le Sud, à Rome et dans quelques coins de la Vénétie, pour se répandre partout, devenant même le premier parti dans le Nord, au détriment de la Ligue. Elle évoque le libéralisme et les baisses d’impôts pour les uns (alors que son parti était « étatiste »), la protection sociale pour les autres, et dénonce, à destination de tous, les migrants, l’insécurité, l’islam, ou encore les élites. Elle décline le thème de l’identité nationale, cette question historique jamais vraiment résolue de l’Italie depuis son unité, en affirmant qu’elle défendra bec et ongles les intérêts de son pays, et en proclamant sa fierté d’être italienne.

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