Les super-héros ne sont pas forcément populaires dans le monde arabe. Wonder Woman, un des personnages iconiques de DC Comics, en a fait l’expérience lorsque le film portant son nom, en 2017, a été interdit au Liban, au Qatar et en Tunisie. En cause, l’actrice israélienne Gal Gadot, qui incarnait le rôle-titre, après avoir joué une ancienne agente du Mossad dans la franchise Fast and Furious. Les censeurs arabes reprochaient alors à Gadot son soutien à l’offensive israélienne de 2014 sur la bande de Gaza, ainsi que sa participation à la guerre de 2006 au Liban.
La sortie en 2020 du deuxième volet de la série, Wonder Woman 1984, se déroula dans un climat plus apaisé, sur fond d’accords d’Abraham et de normalisation arabe avec Israël. Même la représentation caricaturale d’une Egypte en émirat pétrolier suscita finalement peu de controverses. Mais c’est au tour de l’univers Marvel, propriété de Walt Disney Company, d’être désormais au centre d’une polémique houleuse.
Une super-héroïne du Mossad
Les studios Marvel viennent en effet de révéler que leur prochain blockbuster, Captain America 4 : New World Order, dont la sortie est prévue en 2024, inclura une nouvelle super-héroïne, Sabra, de nationalité israélienne. Ce personnage était apparu en 1980 dans une des aventures sur papier de Hulk, dont la rage aveugle menaçait cette fois de détruire Tel-Aviv.
Une agente du Mossad, Ruth Bath-Seraph, élevée dans un kibboutz, se transformait alors en Sabra, étoile de David en collier et collant aux couleurs bleu et blanc du drapeau israélien. Traqué par Sabra, Hulk rencontrait un « jeune Arabe » qui lui confiait : « C’est dur d’être un Arabe en Israël, mon peuple, ainsi que les Israéliens, affirment tous deux que cette terre leur appartient. Ils auraient pu partager si deux très vieux livres ne leur avaient pas suggéré de s’entre-tuer à la place. » Sabra finissait par éprouver de la compassion pour ce « jeune Arabe », tué dans un attentat palestinien.
Une campagne est lancée sur les réseaux sociaux contre « Captain Apartheid »
Marvel a d’ores et déjà attribué le rôle de Sabra à l’actrice israélienne Shira Haas, remarquée sur Netflix dans la série Unorthodox. Il n’en a pas fallu plus pour qu’une campagne soit lancée sur les réseaux sociaux contre « Captain Apartheid », avec lettre ouverte aux studios Marvel et Disney, accusés de « légitimer les crimes du gouvernement israélien ». Il leur est en outre reproché d’avoir appelé leur super-héroïne Sabra, en pleine commémoration du quarantième anniversaire du massacre perpétré, à Beyrouth, en septembre 1982, dans les camps palestiniens de Sabra et de Chatila. Ce procès d’intention semble particulièrement discutable, puisque « Sabra » était, dès avant 1948, le terme hébreu pour désigner les juifs nés en terre de Palestine, et donc par extension les Israéliens nés depuis sur place (ce mot dérive de l’appellation hébraïque de la figue de barbarie, piquante à l’extérieur et douce à l’intérieur).
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