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La révolte totalement matée au Kazakhstan

Le président du Kazakhstan affirme avoir déjoué un coup d'Etat mené par des terroristes venus d'Asie centrale et du Moyen-Orient. Les troupes russes amorceront leur retrait dans deux jours.

Des soldats kazakhstanais patrouillent lundi dans a capitale, Astana, secouée par des heurts sans précédent depuis la fin de l'URSS il y a trente ans.
Des soldats kazakhstanais patrouillent lundi dans a capitale, Astana, secouée par des heurts sans précédent depuis la fin de l'URSS il y a trente ans. (Alexandr BOGDANOV / AF)

Par Yves Bourdillon

Publié le 11 janv. 2022 à 10:38Mis à jour le 11 janv. 2022 à 17:06

« Coup d'Etat », « terroristes venus d'Asie centrale et du Moyen-Orient ». Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, n'a pas lésiné sur les accusations sans preuves, lundi, alors que la vie reprenait son cours après une semaine d'émeutes et de répression dans le pays.

Les autorités ont rebranché Internet par intermittence. Les réseaux mobiles et les transports en commun ont été progressivement rétablis dans les grandes villes. Mais les façades calcinées de bâtiments publics et les carcasses de véhicules brûlés témoignent encore de la violence des affrontements qui ont fait des dizaines, peut-être des centaines de morts.

Rivalités entre clans

Les émeutes se sont déroulées dans un contexte de rivalités entre les divers clans au pouvoir. Le retour au calme a d'ailleurs donné l'occasion au président Tokaïev de régler des comptes avec son puissant mentor et président depuis l'indépendance du pays en 1991, Noursoultan Nazarbaïev.

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Il l'a accusé, mardi, d'avoir favorisé l'émergence d'une « caste de riches », ajoutant que le temps était « venu de payer un tribu au peuple du Kazakhstan ». Les deux filles, les gendres et les petits-enfants de l'ancien président contrôlent des postes et des intérêts économiques très importants, notamment dans le gaz naturel.

L'ordre est rétabli

Les troubles ont beau avoir été déclenchés le 3 janvier par le doublement du prix du gaz, puis par la dénonciation de la corruption et de l'accaparement des richesses par les clans au pouvoir, le chef de l'Etat kazakhstanais a affirmé que son pays avait été attaqué par des « combattants armés » ainsi que « des islamistes et des criminels ». « Il s'agissait d'une tentative de coup d'Etat », a-t-il conclu.

Les derniers combats ont cessé dimanche après-midi et près de 10.000 personnes ont été arrêtées. Le président kazakhstanais avait déjà affirmé vendredi que les troubles, avec l'assaut et l'incendie de bâtiments publics et le pillage d'arsenaux de la police, était l'oeuvre de « terroristes étrangers ». Un terme loin d'être anodin.

En effet, Kassym-Jomart Tokaïev avait appelé à l'aide Vladimir Poutine, jeudi matin, dans le cadre de l'OKBD (Organisation du traité de sécurité collective) regroupant son pays, la Russie, l'Arménie, le Tadjikistan et le Kirghizstan. Or, le mécanisme d'assistance militaire de l'OKBD ne peut être déclenché que quand un de ses membres fait face à une agression extérieure, non pour une opération de police contre un mouvement social...

Cette opération militaire « constitue un précédent lourd de conséquences », estime Bayram Balci, chercheur au Ceri (Centre de recherches internationales), car « elle accroît le rôle de la Russie dans le maintien de la stabilité dans cette partie du monde ». En revanche, estime-t-il, « le mécanisme d'assistance militaire a été clairement utilisé pour mater une simple rébellion interne, d'une manière qui rappelle un peu le Pacte de Varsovie à Prague. Ce qui serait de nature à jeter un certain discrédit sur l'OKBD ».

Les Russes ne resteront pas longtemps

L'intervention militaire russe, forte de 2.000 à 3.000 parachutistes appuyés par 250 blindés, ne devrait toutefois pas durer. Vladimir Poutine a affirmé lundi, lors d'une visio-conférence avec son homologue kazakh, que les forces russes quitteraient le pays « une fois leur mission accomplie». Ce qu'a confirmé mardi le président Tokaïev, évoquant un retrait débutant jeudi. Il est vrai qu'un séjour prolongé pourrait susciter une réaction de rejet de la part de Kazakhs.

Le président kazakh devait présenter mardi devant le Parlement la composition du nouveau gouvernement, le précédent ayant été limogé la semaine dernière dans l'objectif de calmer les manifestants. Le chef de l'Etat a déjà limogé, voire inculpé de trahisons, des proches de l'ex-président Nazerbaïev, qui n'a plus été vu en public depuis dix jours.

Yves Bourdillon

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