Mali : la mise au ban est-elle un outil diplomatique efficace ?

Lors d'une manifestation à Bamako, après l'annonce des sanctions par la Cedeao, le 10 janvier 2022 ©AFP - Florent Vergnes
Lors d'une manifestation à Bamako, après l'annonce des sanctions par la Cedeao, le 10 janvier 2022 ©AFP - Florent Vergnes
Lors d'une manifestation à Bamako, après l'annonce des sanctions par la Cedeao, le 10 janvier 2022 ©AFP - Florent Vergnes
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Dimanche 9 janvier, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a imposé à Bamako un embargo commercial et financier en riposte à la non-tenue des élections présidentielles prévues en février. Comment interpréter ce geste diplomatique dur qui pourrait manquer sa cible ?

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Dimanche dernier, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qui malgré son nom joue un rôle de politique régionale, décrétait la fermeture des frontières et un embargo commercial et financier avec le Mali, dont la junte qui le dirige avait décidé récemment de repousser la possibilité d’un retour à des élections démocratiques.

Une décision vive, déjà mise en place au moment de la guerre civile en Côte d’Ivoire, qui a fait réagir la junte. Son chef, le colonel Goïta a déclaré que cette décision, soutenue par la France et l’Union européenne, était «  illégitime, illégale et inhumaine ». C’est ainsi que cette semaine un emprunt de 30 milliards de francs CFA a été empêché sur le marché régional.

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Ce bras de fer sera-t-il payant ou risque-t-il de se retourner contre ses initiateurs ?

Pour ce débat, Emmanuel Laurentin reçoit Mohamed Amara, sociologue*, e*nseignant-chercheur à l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako, chercheur au Centre Max Weber de l’Université Lyon 2, Ornella Moderan, chercheuse, responsable du Programme Sahel de l’Institut d'études de sécurité (ISS) basé à Bamako et Roland Marchal, sociologue, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (CERI).

« Une des questions qui se pose au Mali en ce moment est : quel est le sens d’avoir des élections dans un pays qui est confronté à une insécurité de plus en plus forte non seulement dans le Nord mais aussi dans le centre ? Qui va voter ? Qui ne votera pas? Dans quelle mesure, en faisant des élections extrêmement rapides, on ne renouvelle pas l’erreur qui a été faite en 2013 ? » Roland Marchal

« Il y a en effet un questionnement à avoir autour de l’élection, solution miracle. Il ne faut pas oublier non plus que si on en est là aujourd’hui, c’est à cause d’une crise post-électorale. Le coup d’Etat d’aout 2020 est intervenu à la suite d’une mobilisation populaire de plusieurs mois » Ornella Moderan

« La question tourne autour de la responsabilité des gouvernants africains, notamment du pouvoir de transition. On s’aperçoit que le pouvoir de transition actuel a installé le Mali dans une situation d’incertitude, d’imprécision par rapport à l’engagement qu’il avait pris d’avoir des élections en février » Mohamed Amara

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