Mo Yan ou la fin d'un monde : épisode • 1/3 du podcast Il était une fois la Chine industrielle

Des paysans travaillant dans une rizière en 1958. Le Grand Bond en avant avait pour but d'accroître rapidement la productivité agricole de la Chine. ©Getty - Gamma-Keystone
Des paysans travaillant dans une rizière en 1958. Le Grand Bond en avant avait pour but d'accroître rapidement la productivité agricole de la Chine. ©Getty - Gamma-Keystone
Des paysans travaillant dans une rizière en 1958. Le Grand Bond en avant avait pour but d'accroître rapidement la productivité agricole de la Chine. ©Getty - Gamma-Keystone
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Grâce à l'œuvre de Mo Yan, lauréat du prix Nobel de littérature en 2012, nous découvrons les transformations profondes qui ont eu lieu dans la ruralité chinoise entre la réforme agraire lancée par Mao en 1950 à la libéralisation de la production agricole des années 1980.

Avec
  • Chantal Chen-Andro Maître de conférence honoraire de l’université Paris 7-Diderot et membre de l’équipe de recherche de CRCAO (Centre de recherche sur les civilisations d’Asie orientale)
  • Jean-Philippe Béja Sinologue, politologue, directeur de recherche émérite au CNRS et chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CERI/Sciences Po).

Mo Yan, prix Nobel de littérature en 2012, décrit depuis plus de trente ans la Chine contemporaine, avec un réalisme poignant et un style étonnamment décomplexé. Critique, voire satirique, sur certains aspects de la société chinoise, il n'a presque jamais été censuré par un régime politique qu'il respecte d'ailleurs, estimant qu'il lui doit son ascension sociale. Parfois critiqué pour son manque de soutien aux écrivains dissidents, Mo Yan n'en reste pas moins l'un des écrivains les plus réputés et respectés de l'empire du Milieu. Pour Chantal Chen-Andro, maître de conférence honoraire de l’université Paris 7-Diderot : "Il faut lire entre les lignes de ses romans. Il emploie la stratégie des anciens livrets chinois : le contournement. Il ne critique pas toujours directement. Il a une attitude qui est ambigüe, mais il est souvent très subversif".

Celui qui s’est choisi comme nom de plume, Mo Yan - "ne pas dire" - lève pourtant le voile sur les conditions de vie des paysans chinois. À travers ses romans, lui qui est né dans les années 1950 dans un village rural du nord-est de la Chine, il raconte les souffrances de son enfance et de son peuple. Entre les famines et l’absurdité des réformes de Mao qui provoquent des inégalités et des tensions entre les différentes castes de la population, l’écrivain-paysan nous donne accès, via une plume acerbe, à cette époque qui s’étend des premières réformes agraires à la fin du XXe siècle.

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Avec le romancier, nous partons à la découverte du monde d’avant le formidable boom économique des années 80 qui va transformer la société chinoise toute entière. La modernité pénétrait dans les campagnes à marche forcée et les grandes réformes, décidées à Pékin, bouleversaient ce monde paysan que Mo Yan a connu de près. Pour Jean-Philippe Béja, sinologue et politologue : "C’est en partie avec le soutien des paysans que la révolution chinoise a eu lieu, mais le Parti communiste, en bon marxiste, voulait développer le prolétariat industriel. Mao a donc décidé d’utiliser les surplus agricoles pour financer l’industrialisation du pays".

Pour pour nous accompagner dans cette aventure historique et pour nous faire découvrir l'œuvre littéraire d'un des écrivains chinois les plus connus dans le monde, nous avons fait appelle à Jean-Philippe Béja, sinologue, politologue, directeur de recherche émérite au CNRS et chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CERI/Sciences Po) et Chantal Chen-Andro, maître de conférence honoraire de l’université Paris 7-Diderot, membre de l’équipe de recherche de CRCAO (Centre de recherche sur les civilisations d’Asie orientale) et traductrice de Mo Yan.

Première diffusion le 13/10/2020

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