Les enjeux de la Corne de l’Afrique

Une parade militaire en soutien aux forces de défense nationale, à Addis-Adeba, en Ethiopie, le 7 novembre 2021 ©AFP - EDUARDO SOTERAS
Une parade militaire en soutien aux forces de défense nationale, à Addis-Adeba, en Ethiopie, le 7 novembre 2021 ©AFP - EDUARDO SOTERAS
Une parade militaire en soutien aux forces de défense nationale, à Addis-Adeba, en Ethiopie, le 7 novembre 2021 ©AFP - EDUARDO SOTERAS
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Un an de conflit au Tigré, situation chaotique à Khartoum, intérêts grandissants des puissances étrangères... Quelles sont les tensions à l’œuvre dans cette région de l'Est de l'Afrique ?

Avec
  • Benjamin Augé Chercheur associé au Centre Afrique Subsaharienne de l'Institut français des relations internationales
  • Roland Marchal Chercheur à Sciences Po Paris
  • Stéphane Lacroix Professeur à Sciences Po et chercheur au CERI
  • Thierry Pairault Directeur de recherche émérite au CNRS/ EHESS
  • Bassma Kodmani Directrice du think tank Arab Reform Initiative et membre du Comité des Négociations de l'opposition syrienne (CNS)

Même si l’ombre d’Arthur Rimbaud nous poursuit encore, la Corne de l’Afrique, tout à fait à l’est du continent, échappe traditionnellement à nos centres d’intérêts. Aujourd’hui pourtant, face à la stratégie de pénétration de la Chine, aux ambitions de la Russie, de la Turquie et des pays du Golfe Persique, cette immense région représente des enjeux considérables. 

Misère et appétits 

Depuis un an, une guerre civile sans merci ensanglante l’Ethiopie ; le Soudan est ébranlé par un coup d’état militaire survenu le mois dernier – on craint ce matin même que l’armée ne réprime brutalement une manifestation des mouvements démocratiques à Khartoum. La déstabilisation de la Corne de l’Afrique décuple la misère des populations civiles et déchaîne les appétits des puissances étrangères. 

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En première ligne, l’Egypte du maréchal Sissi, à la manœuvre pour restaurer à Khartoum un pouvoir militaire et affaiblir le régime éthiopien qui veut contrôler le débit des eaux du Nil dès la naissance du fleuve nourricier. L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis ne sont pas loin, soucieux de contrôler la Mer Rouge et d’accroitre leurs ressources agricoles sur l’autre rive. La Chine a investi massivement en Ethiopie et installé à Djibouti sa première base militaire à l’étranger. La Russie dispose d’une implantation navale à Port-Soudan, propose ses armes et ses mercenaires Wagner. La Turquie affirme ses ambitions africaines et ses drones armés sont à l’œuvre en Ethiopie contre les rébellions du Tigré. 

Les Etats-Unis et les Occidentaux sont-ils en train de perdre la main, comment les rivalités entre les grandes puissances mais aussi entre acteurs régionaux évoluent-elles sur cet immense terrain de jeux, charnière entre l’Afrique et le Moyen-Orient ? Là-bas comme ailleurs les populations civiles en paient le prix, aggravé par la pandémie et le réchauffement climatique. Comment sortir de l’impuissance?

L'équipe