Hamas : l’impossible opération séduction : épisode • 3/4 du podcast Les infréquentables

Partisans du Hamas tenant des ballons avec des images de Palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes le 15 octobre 2021, dans la Bande de Gaza. ©AFP - Mohammed ABED
Partisans du Hamas tenant des ballons avec des images de Palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes le 15 octobre 2021, dans la Bande de Gaza. ©AFP - Mohammed ABED
Partisans du Hamas tenant des ballons avec des images de Palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes le 15 octobre 2021, dans la Bande de Gaza. ©AFP - Mohammed ABED
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Mis au ban de la scène politique mondiale, le Hamas multiplie les appels du pied à l’opinion publique palestinienne, y compris en dehors de Gaza, pour se poser en principal défenseur de sa cause.

Avec
  • Leïla Seurat Chercheuse associée au centre arabe de recherche et d’études politiques de Paris (CAREP)
  • Sarah Daoud Docteure en sciences politiques affiliée au CERI de Sciences-Po
  • Marion Slitine Chercheuse EHESS/ Mucem au Centre Norbert Elias

Qualifié d’« organisation terroriste » par les Nations Unies, les Etats-Unis et l’Union européenne, le Hamas fut créé en 1987 autour du Sheikh Ahmed Yassin. Cette figure  de premier plan de la lutte palestinienne avait toujours rejeté la solution négociée avec les Israéliens et, après avoir commandité plusieurs attentats-suicides, avait fini par être tué dans une attaque israélienne en 2004.

Depuis sa disparition, beaucoup de choses ont changé : d’abord, le « Mouvement de résistance islamique » a officiellement rompu en 2006 avec les attentats-suicides visant des civils israéliens, préférant opter pour des tirs de roquettes sur les villes israéliennes. Et la même année, le Hamas a remporté les dernières élections organisées sur le territoire, provoquant une guerre fratricide avec le Fatah et une scission de fait des territoires palestiniens en deux entités distinctes, la Cisjordanie et Gaza. Cette victoire du Hamas avait provoqué un fort embarras de la part de puissances étrangères qui avaient soutenu ce processus électif et donc favorisé malgré eux un acteur considéré comme indésirable. 

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Quel a été l’effet de cette mise au ban ? A-t-elle permis de faire reculer l’influence du Hamas sur la bande de Gaza – et même au-delà ? En quoi le Hamas constitue-t-il un défi pour des puissances régionales et internationales qui l’accusent de terrorisme lorsque lui se considère comme une force de libération ? Où en est le Hamas dans sa quête de reconnaissance ?

Le défaut de statut et de reconnaissance internationale, qui est valable pour les Palestiniens de manière générale, implique que le Hamas est largement tributaire d’un contexte régional volatile. Sarah Daoud

Le Hamas est partagé entre plusieurs leaderships : un leadership dans les prisons, un en Cisjordanie, un à Gaza et un à l’extérieur. Ces environnements dans lesquels évoluent les membres du bureau politique impactent leurs perceptions et leurs décisions. Leïla Seurat

Florian Delorme reçoit Leïla Seurat, chercheuse associée au Centre de recherches sociologiques sur le droit des institutions pénales (CESDIP) et à l’Observatoire des mondes arabes et musulmans (OMAM) et Sarah Daoud, doctorante au CERI.

Seconde partie : le focus du jour

L’art et la culture, une brèche dans l’isolement de Gaza

Une femme devant un immeuble détruit par les bombardements de mai 2021 et orné du graffiti d'une fille et du slogan « j’ai un rêve », à Gaza, le 12 août 2021.
Une femme devant un immeuble détruit par les bombardements de mai 2021 et orné du graffiti d'une fille et du slogan « j’ai un rêve », à Gaza, le 12 août 2021.
© AFP - MOHAMMED ABED

Si l’isolement diplomatique du Hamas se traduit par l’isolement physique de Gaza, soumis à un blocus strict, une création artistique persiste sur place. Elle est extrêmement contrôlée par le Hamas, qui laisse néanmoins exister cette vie culturelle, conscient de l’atout que cela peut représenter pour attirer le regard de l’opinion publique internationale. Et bien que les artistes soient majoritairement hostiles au pouvoir, la notoriété de ceux qui parviennent à s’inscrire sur la scène culturelle mondialisée permet d’ouvrir une brèche symbolique dans l’isolement de leur territoire. 

A partir des années 2010, le Hamas a créé des syndicats d’artistes, financé des collectifs d’artistes, eu des projets de « cités de cinéma » (…). Il est tout dans l’intérêt du Hamas de redéployer cette politique culturelle pour montrer au monde sa légitimité. Marion Slitine

Avec Marion Slitine, chercheuse EHESS/ Mucem au Centre Norbert Elias. 

Références sonores

  • En mars 2016, Khaled Mechaal, le chef en exil du Hamas, accordait une interview exclusive à France 24 dans laquelle il affirmait notamment que le Hamas a des relations extérieures très riches (France 24, interview par Marc Perelman, 15 mars 2016)
  • En mai dernier lors d’un point presse, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki affirmait que le Hamas était une organisation terroriste (New York Post, 14 mai 2021)
  • Déclaration d’Ismail Haniyeh en visite à Tunis en janvier 2012 (AFP, 05 janvier 2012)
  • Extrait de la bande-annonce de Gaza mon amour de Tarzan et Arab Nasser sorti le 06 octobre dernier

Références musicales

  • « Ash & Snow » de Christian Löffler (Ki records)
  • « Falasteen Enty El Rouh » du chanteur Mohammed Assaf

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