Il est derrière l’énième coup de force dans un pays qui peine à s’extirper de la dictature militaire. En quelques heures, le général Abdel Fattah al-Burhane a réussi lundi à reprendre les rênes du Soudan, mettant un coup d’arrêt brutal à la transition démocratique amorcée en 2019 lors de la chute de l’autocrate Omar el-Béchir. Vêtu de son habituel uniforme kaki, béret vissé sur la tête, le chef de l’armée est apparu lundi à la télévision nationale pour annoncer la dissolution des autorités de transition, la fermeture des frontières, et décréter l’état d’urgence.
Plus tôt dans la matinée, l’armée avait arrêté plusieurs dirigeants civils, dont le Premier ministre, Abdallah Hamdok, qui se trouve «chez moi et mène une vie normale», a assuré mardi le général lors d’une longue conférence de presse. L’occasion aussi d’affirmer que l’armée a renversé le gouvernement pour «éviter une guerre civile», alors qu’au moins dix personnes ont déjà été tuées depuis le début des troubles.
«Vous devez vous retirer»
Peu connu des Soudanais, Abdel Fattah al-Burhane, 61 ans, est sorti de l’ombre après l’éviction d’Omar el-Béchir, en avril 2019. Il est d’ailleurs l’un des trois officiers à avoir déclaré au dictateur déchu qu’il n’était plus au pouvoir : «Je suis allé le voir et je lui ai dit : “Les dirigeants des forces armées ont décidé que la situation devenait hors de contrôle et que vous devez vous retirer”», expliquait-il dans une i