100 ans du PCC : Xi Jinping tout puissant : épisode • 3/4 du podcast Chine, année zéro

15 janvier 2021 - un portrait du président chinois Xi Jinping est exposé au sein d'une exposition au sujet de la lutte de la Chine contre le Covid-19, dans un centre de convention qui servait auparavant d'hôpital de fortune pour les patients de Wuhan ©AFP - FOCUS BY NICOLAS ASFOURI
15 janvier 2021 - un portrait du président chinois Xi Jinping est exposé au sein d'une exposition au sujet de la lutte de la Chine contre le Covid-19, dans un centre de convention qui servait auparavant d'hôpital de fortune pour les patients de Wuhan ©AFP - FOCUS BY NICOLAS ASFOURI
15 janvier 2021 - un portrait du président chinois Xi Jinping est exposé au sein d'une exposition au sujet de la lutte de la Chine contre le Covid-19, dans un centre de convention qui servait auparavant d'hôpital de fortune pour les patients de Wuhan ©AFP - FOCUS BY NICOLAS ASFOURI
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En juillet 2021, la Chine commémorera le centenaire de la création du Parti Communiste Chinois. Aujourd'hui, le Parti règne sans partage sur la destinée du pays, et son premier secrétaire, Xi Jinping, s’est imposé en maitre absolu. Le régime chinois fait-il son grand retour vers l’autoritarisme ?

Avec
  • François Bougon Journaliste, responsable du service international de Mediapart
  • Alice Ekman Analyste responsable de l'Asie à l'Institut des études de sécurité de l'Union européenne (EUISS)
  • Stéphanie Balme Directrice du Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI), spécialiste de la Chine et référente liberté académique.

Si 2020 a été une année "particulière", comme l’a dit Xi Jinping lors de ses vœux de nouvelle année, 2021 s’annonce comme une année de célébration historique - et symbolique. Le 21 juillet, la Chine commémorera en effet le centenaire de la création du Parti Communiste Chinois (PCC), date à laquelle se réunissaient pour la première fois en Congrès 13 délégués venus de toutes les provinces chinoises, et parmi lesquels se trouvait Mao Zedong qui, à l’époque, n’avait pas osé prendre la parole devant des participants plus expérimentés que lui : l’avenir lui réservera une place à part, et il sera le premier président tout-puissant de la République Populaire.

Cent ans plus tard, le Parti-Etat règne sans partage sur la destinée de la Chine et de ses habitants. Si ses instances sont en partie collégiales, son premier secrétaire, Xi Jinping, élu en 2012, s’est imposé en maitre absolu. Et il pourrait le rester longtemps : en 2018 - et en dépit des règles admises jusqu’à lors - il parvient à faire supprimer la limite constitutionnelle des deux mandats, s’ouvrant la voie à une présidence à vie.   

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Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi, et l’histoire du Parti a souvent été traversée par des courants divergents, des luttes d’influence, voire de franches oppositions idéologiques.  

Qu’en est-il aujourd’hui ? Comment Xi Jinping est-il parvenu à mettre main basse sur le Parti ? Derrière cette unité à toute épreuve, quelles sont les luttes d’influences entre les différents courants représentés à l'intérieur du PCC ?

La reprise en main autoritaire des instances par Xi Jinping marque-t-elle la fin de toute dissidence et de toute contradiction interne ? Enfin, sur le plan idéologique, quelles sont vraiment les valeurs de Xi Jinping ? 

Une discussion en compagnie de François Bougon, journaliste à Mediapart, où il dirige le pôle international, et d'Alice Ekman, analyste responsable de l'Asie à l'EUISS (Institut des études de sécurité de l'Union européenne).

Xi Jinping est persuadé, lorsqu'il arrive au pouvoir, que le mandat de Hu Jingtao a permis au cadres locaux et intermédiaires de faire ce qu'ils voulaient, a permis à la corruption de fleurir, et a permis une politique économique beaucoup plus lâche. Et pour lui, la réponse à ces problèmes réside dans le parti. François Bougon

On observe, aujourd'hui, l'érosion de la direction dite "collective" du PCC, qui avait été instaurée sous Deng Xiaoping. Le Parti s'est clairement durci, et Xi Jinping a mis en place - notamment à travers une vaste campagne anti-corruption, lancée dès son arrivée en 2012 - un sentiment de peur généralisé, observable au sein des élites du Parti. Alice Ekman

Seconde partie - le focus du jour 

Universitaires et chercheurs sous la coupe du PCC

Fin 2019, la prestigieuse université de Fudan de Shanghai modifie sa charte pour retirer la référence à la « liberté de penser » et y inscrire son allégeance à la pensée de Xi Jinping. L’évènement provoque l’indignation d’une partie des étudiants qui manifestèrent publiquement leur désaccord face à cette emprise sans précédent du parti sur l’université. Vite réprimée, la manifestation ne fait pas d’émules. Entre temps, la pensée de Xi Jinping est devenue une matière à part entière et plusieurs centres de recherche lui sont consacrés.  

Au-delà des cours sur la pensée du Président, de quelle manière s’exerce la mainmise du parti sur les universités ? L’autonomie des chercheurs a-t-elle disparue en Chine ? La recherche et les sciences sont-elles désormais à la botte du Parti, et pour servir quel projet ?  

Pour en parler, Cultures Monde reçoit Stéphanie Balme, directrice de recherche à Sciences Po (CERI), et professeure à la PSIA (Paris School of International Affairs). Pour aller plus loin : consultez ici Un rêve d'hyperpuissance scientifique- un article de Stéphanie Balme pour La Recherche. 

L'université n'échappe pas au contrôle du Parti Communiste Chinois. Il y a une contradiction entre la montée en gamme, l'internationalisation des universités chinoises, et la surveillance croissante qui est exercée sur ces institutions. Stéphanie Balme

18 décembre 2019, Shanghai, Université de Fudan
18 décembre 2019, Shanghai, Université de Fudan
© AFP - Hector Retamal

Une émission préparée par Mélanie Chalandon.

Références sonores

  • Voeux de nouvelle année de Xi Jinping, président de la République Populaire de Chine - CGTN / China Global Television Network, 31 décembre 2020
  • Li Datong évoque le traumatisme de Xi Jinping dans « Le monde selon Xi Jinping », documentaire d'Arte réalisé par Sophie Lepault et Romain Franklin, en 2018
  • Le porte-parole de la cour de justice chinoise énonce la condamnation de Bo Xilai à la prison à vie pour "abus de pouvoir" - AFP, 22 septembre 2013)
  • Le 18 décembre 2019, une partie des étudiants de l'Université de Fudan manifestent publiquement leur désaccord face l’emprise sans précédent du parti sur l’université., en chantant l'hymne de leur école. 

Références musicales

  • « Athlete » de Christian Löffler
  • « A piece of red cloth » de Cui Jia

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