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Nucléaire : Paris, Londres et Berlin font monter la pression sur Téhéran

La France, le Royaume Uni et l'Allemagne se disent préoccupés par l'installation de nouvelles centrifugeuses par Téhéran, qu'ils qualifient de violation du traité JCPOA sur le nucléaire iranien. Alors que, selon les Européens, la prochaine entrée en fonction de Joe Biden constitue une « opportunité ».

La centrale nucléaire de Boushehr est une des installations clés du programme de Téhéran, aux côtés de centres d'enrichissements d'uranium
La centrale nucléaire de Boushehr est une des installations clés du programme de Téhéran, aux côtés de centres d'enrichissements d'uranium (Atta Kenare/AFP)

Par Yves Bourdillon

Publié le 7 déc. 2020 à 12:13Mis à jour le 7 déc. 2020 à 19:37

Les acteurs du dossier nucléaire iranien fourbissent leurs armes diplomatiques à six semaines de l'entrée de Joe Bien à la Maison-Blanche. Paris, Berlin et Londres se sont dit ce lundi matin « profondément préoccupés » par l'installation récente de nouvelles centrifugeuses avancées dans l'usine d'enrichissement de l'uranium de Natanz, en Iran, ce qui permettrait à Téhéran d'accélérer la production de combustible pour des armes nucléaires.

Rapport de force

Cette mise en service de nouvelles centrifugeuses correspond visiblement à la volonté du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, d'améliorer la position de négociation de son pays avant l'installation de l'administration Biden.

Paris, Londres et Berlin, déplorent aussi que le Parlement iranien ait récemment voté une loi réduisant les capacités de vérifications de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). De source iranienne, ce Plan stratégique, voté par 251 députés, prévoit de porter l'enrichissement en uranium U235 à 20 %, très au-delà des seuils admis par le JCPoA, à hauteur de 120 kilos par an, et de mettre service le réacteur à eau lourde d'Arak. « Le Plan stratégique affiche clairement la volonté de relancer le programme nucléaire et réduire la coopération avec l'AIEA. C'est quasiment le retour à la rhétorique de l'ancien président iranien Ahmadinejad selon laquelle le programme nucléaire iranien était comme un train sans frein » estime Clément Therme, spécialiste de l'Iran à Sciences po.

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Le Parlement élu au printemps a agi « sur injonction du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, afin de court-circuiter la stratégie conciliante du président Hassan Rohani », qui a d'ailleurs refusé de promulguer la loi, ajoute Clément Therme. Selon lui, la déclaration commune de Paris, Londres et Berlin « prend surtout acte de l'évolution politique récente en Iran ».

Tous ces développements sont clairement « incompatibles avec le JCPoA et avec les autres engagements nucléaires de l'Iran », estiment d'ailleurs la France, le Royaume Uni et l'Allemagne, qui vont même jusqu'à les qualifier de « violations » du traité, un terme quasi inusité jusqu'ici. Ce faisant, les Européens « constatent leur impuissance à peser sur Téhéran, la dynamique de confrontation entre les Etats-Unis et l'Iran l'emporte sur la dynamique de coopération économique Europe/Iran », conclut Clément Therme.

Les Occidentaux alignés

Les trois pays européens demandent à Téhéran de revenir sur ces décisions s'il « souhaite sérieusement préserver un espace pour la diplomatie ». Dans le cas contraire, serait mise en péril « l'importante opportunité » que constitue l'arrivée d'une nouvelle administration américaine, dont les prises de position sur le JCPoA sont d'ailleurs saluées par la déclaration des ministres des affaires étrangères français, britannique et allemand . Les Occidentaux s'afficheront donc unis sur ce dossier à partir de janvier, pour la première fois depuis trois ans.

L'Iran a estimé de surcroît lundi qu'il n'était pas question de voir le rival régional de toujours, l'Arabie saoudite, s'inviter dans le jeu. Après que Riyad a dit samedi indispensable et d'ailleurs probable qu'il soit « pleinement consulté » par son allié américain sur le dossier du nucléaire iranien, le ministère iranien des affaires étrangères a jugé lundi inutile de « s'attarder trop longtemps sur le cas d'un pays médiocre de cette région »…

Yves Bourdillon

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