Correspondance. « Correspondance. 1943-1988 », de René Char et Georges Mounin
Il y aurait tant de raisons de lire toutes affaires cessantes la correspondance que René Char entretint avec Georges Mounin, auteur, en 1946, du premier essai sur son œuvre (Avez-vous lu Char ?), et futur linguiste : la profondeur de leurs échanges, leur inévitable divergence à partir de 1948, pour raisons idéologiques (Char opposant à la tyrannie communiste une fervente exigence morale, face à un Mounin stalinien), ou le percutant regard que le poète jette sur ses contemporains… Mais une seule suffit : le verbe fulgurant de Char, son intransigeance face à toute forme de récupération. Qu’un homme ayant lutté par les armes contre les nazis ait ainsi ignoré tout enrégimentement fascine. La force de Char fut de refuser « [s]a confiance en l’homme entreprenant pour ne lui accorder que [s]on amour et quelquefois [s]on horreur ». J.-L. J.
« Correspondance. 1943-1988 », de René Char et Georges Mounin, édité par Amaury Nauroy, Gallimard, 592 p., 29 €, numérique 21 €.
Autobiographie. « Pénombre de l’aube », de W.E.B. Du Bois
Précurseur de Malcolm X et de Martin Luther King, l’historien et sociologue William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963) est l’un des plus grands activistes de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis. Après Les Ames du peuple noir et Les Noirs de Philadelphie (La Découverte, 2007 et 2019), c’est son autobiographie que livre Du Bois dans Pénombre de l’aube, parue en 1940 alors qu’il avait 72 ans. Une autobiographie ou plutôt, écrit-il en préambule, « une autobiographie du concept de race, éclairée, renforcée et sans doute déformée par des pensées et des actes qui furent les miens », depuis ses études à Harvard (où il suit les cours du philosophe William James et devient le premier Afro-Américain à obtenir un doctorat), jusqu’à sa mort à Accra, au Ghana, en passant par le panafricanisme et la création du magazine militant The Crisis. Une vie dont il résume ainsi l’enjeu : « Toute la difficulté était de savoir comment, sans révolution, sans violence, sans dislocation de la civilisation, on pouvait (…) remettre la culture humaine sur le chemin ascendant. » Fl. N.
« Pénombre de l’aube » (Dusk of Dawn), de W.E.B. Du Bois, traduit de l’anglais (Etats-Unis) et présenté par Jean Pavans, Vendémiaire, 422 p., 22 €.
Histoire. « L’Arnaque à la nigériane », de Nahema Hanafi
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