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« Indispensable pour permettre à la démocratie de prospérer, la liberté d’expression, dévoyée et manipulée, peut aussi la miner »

De part et d’autre de l’Atlantique, le questionnement monte sur les limites de la liberté d’expression, même si les menaces diffèrent : « cancel culture » et trumpisme d’un côté, terrorisme islamiste de l’autre, analyse dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 21 octobre 2020 à 10h24 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. Hasard du calendrier – ou pas –, les Etats-Unis ont annoncé, lundi 19 octobre, la mise en accusation de six gradés du renseignement militaire russe dans plusieurs affaires de piratage informatique à l’étranger, dont celui des milliers de courriels volés dans les ordinateurs de la campagne électorale d’Emmanuel Macron, les « MacronLeaks », en 2017. La même équipe russe, selon Washington, était derrière le piratage des courriels de l’état-major d’Hillary Clinton, qui avait gravement perturbé la fin de campagne de la candidate démocrate contre Donald Trump en 2016.

Il se trouve que les médias des deux pays avaient géré très différemment ces deux attaques menées en pleine fièvre électorale ; une longue enquête sur la liberté d’expression publiée le 13 octobre par le New York Times Magazine, « The First Amendment in the age of disinformation » (« Le premier amendement à l’ère de la désinformation »), souligne, précisément, cette différence. Alors que la presse américaine s’était nourrie, des jours durant, du contenu des e-mails piratés, Le Monde, pour ne citer que lui, avait préféré ne pas y toucher avant l’élection, considérant que cette manœuvre visait à « nuire à la sincérité du scrutin ».

Il se trouve aussi que cet article du New York Times Magazine se fait l’écho de plusieurs travaux académiques qui posent la question de l’adéquation du principe consacré par le premier amendement de la Constitution, celui de la liberté de parole, à l’époque actuelle, marquée par la diffusion délibérée de fausses nouvelles au plus haut niveau, l’orchestration de campagnes de désinformation à grande échelle grâce aux réseaux sociaux et le pouvoir de l’argent privé sur le discours public. « Il est temps de se demander si le mode américain de protection de la liberté d’expression assure réellement notre liberté », interroge la journaliste, Emily Bazelon.

Il se trouve enfin que, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, décapité le 16 octobre pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet, certains intellectuels américains ont amèrement constaté qu’au moment où, en France, on appelle plus que jamais à la défense de la liberté d’expression, notamment dans Le Monde, en réaction à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, aux Etats-Unis, le doute monte sur l’opportunité d’un droit absolu à la liberté de parole. D’autres au contraire, comme au moment de l’attentat contre Charlie Hebdo, ne cachent pas leur incompréhension de ce qu’ils perçoivent comme un acharnement français à publier des caricatures susceptibles de heurter la sensibilité des musulmans.

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