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Dans le Haut-Karabakh, la trêve ne tient qu'à un fil

Azerbaïdjan et Arménie s'accusent déjà mutuellement d'avoir violé le cessez-le-feu négocié à Moscou. Après quinze jours de combats, les positions des deux voisins semblent irréconciliables. 

Antoine Malo , Mis à jour le
Un homme au milieu des débris de sa maison détruite, à Stepanakert.
Un homme au milieu des débris de sa maison détruite, à Stepanakert. © AFP

Cinq minutes. C'est le temps qu'il aura fallu hier pour que l'Azerbaïdjan et l'Arménie s'accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu âprement négocié dans la nuit par la Russie. Sur le papier, les armes étaient censées se taire à midi (10 heures, heure française) dans et autour du Haut-Karabakh, cette province sécessionniste qui est la cible d'une offensive majeure de Bakou depuis deux semaines. Mais le ministère arménien de la Défense a très vite accusé l'ennemi d'avoir "lancé une attaque". Son homologue azerbaïdjanais a répliqué en expliquant que "l'Arménie [violait] de manière flagrante le cessez-le-feu, tentant d'attaquer" depuis le sud-est du territoire rebelle, peuplé en majorité d'Arméniens et soutenu par Erevan.

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Malgré les communiqués et le flot de propagande qui entoure cette guerre depuis son début, les combats se sont globalement arrêtés. À Stepanakert, la capitale de l'enclave qui était encore pilonnée par les obus azerbaïdjanais dans la matinée, les sirènes se sont tues dans l'après-midi. Ses habitants, terrés dans les caves et abris souterrains depuis des jours, restaient néanmoins méfiants et hésitaient à sortir dans les rues jonchées de gravats et de voitures calcinées.

Cette trêve obtenue après dix heures de discussions semble donc bien précaire. Rien d'étonnant, selon Gaïdz Minassian, chercheur à Sciences-Po Ceri. "Elle est d'abord humanitaire, pour permettre aux deux camps de s'échanger leurs prisonniers, de récupérer leurs morts, affirme-t-il. Mais le conflit devrait s'inscrire dans la durée, et on va désormais assister à des périodes d'accalmie qui succèdent à des périodes de tension."

Paris s'implique

L'Azerbaïdjan, qui a déployé des moyens d'envergure et notamment des drones sophistiqués, ne semble pas disposé à arrêter là ses opérations. D'ailleurs, les officiels à Bakou ne s'en cachent pas : ils souhaitent récupérer cette terre qu'ils estiment leur. Leurs alliés turcs, soupçonnés de fournir une aide notamment par l'envoi de centaines de combattants syriens, les poussent dans ce sens. "Le problème est qu'ils ont besoin, pour passer à la phase diplomatique, de victoires sur le terrain", affirme Gaïdz Minassian. Jusqu'à présent, les gains territoriaux réalisés sont minimes. Si les positions séparatistes semblent fragilisées dans le Sud-Est, les Azerbaïdjanais n'ont effectué aucune percée significative.

Devront-ils se résoudre à entamer des discussions ? La pression internationale se fait de plus en plus importante pour les y contraindre. La Russie, puissance régionale qui ne voudrait pas que le conflit s'étende dans le Caucase et voit par ailleurs d'un mauvais œil l'arrivée sur zone de combattants islamistes syriens, a fini par s'emparer du dossier. Hier, son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a rappelé que les deux camps, en validant le cessez-le-feu, s'étaient engagés "à des négociations substantielles pour parvenir rapidement à un règlement pacifique". La France, impliquée puisque appartenant au groupe de Minsk (avec les Russes et les Américains) supposé trouver un règlement au conflit depuis 1992, a demandé que les discussions reprennent "sans préconditions".

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Sauf que pour convaincre Bakou il faudra des propositions, des concessions peut-être de la part d'Erevan. "Or, depuis dix ans, rien n'a vraiment été proposé", explique Olesya Vartanyan, de l'International Crisis Group. "Si les représentants du Haut-Karabakh ne sont pas invités à s'asseoir à la table des négociations, je ne vois pas comment ça pourrait avancer", estime de son côté Gaïdz Minassian. Pour l'Azerbaïdjan, cela reviendrait à légitimer ses adversaires séparatistes. Une chose impensable aujourd'hui.

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