George Soros : le savoir au service d’un idéal libéral : épisode • 2/4 du podcast Ces milliardaires qui veulent changer le monde

21 septembre 2016, New York, États-Unis - George Soros participe à une table ronde pour acteurs du secteur privé en marge d'un sommet pour les réfugiés, pendant la 71ème Assemblée Générale de l'ONU. ©Maxppp - Peter Foley / UPI
21 septembre 2016, New York, États-Unis - George Soros participe à une table ronde pour acteurs du secteur privé en marge d'un sommet pour les réfugiés, pendant la 71ème Assemblée Générale de l'ONU. ©Maxppp - Peter Foley / UPI
21 septembre 2016, New York, États-Unis - George Soros participe à une table ronde pour acteurs du secteur privé en marge d'un sommet pour les réfugiés, pendant la 71ème Assemblée Générale de l'ONU. ©Maxppp - Peter Foley / UPI
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George Soros, milliardaire américain d'origine hongroise, se définit comme spéculateur, mais aussi comme philanthrope et philosophe. Quel est, derrière une image controversée et bien souvent source de fantasmes, le projet de société défendu par Soros et son vaste réseau d'ONG ?

Avec
  • Oriane Calligaro Maîtresse de conférences en sciences politiques à l’ESPOL de Lille et professeure invitée au Collège d’Europe à Bruges
  • Jacques Rupnik Historien, politologue, directeur de recherche émérite au CERI/Sciences Po
  • Corentin Léotard Rédacteur en chef du Courrier d'Europe Centrale

« Notre relation a mal tourné parce qu’il a mal tourné », explique le milliardaire Georges Soros au sujet du Premier ministre de son pays natal, Viktor Orbán. De fait, à la fin des années 1980, lors des débuts du Fidesz - désormais parti au pouvoir en Hongrie - le politicien et l’homme d’affaires partageaient en fait le même but : libérer la Hongrie de l’emprise de l’Union soviétique.

Mais trente ans plus tard, Georges Soros est devenu la bête noire de l’homme d’Etat, qui l’accuse, dans une rhétorique aux accents antisémites à peine voilée, de promouvoir l’immigration pour détruire la nation hongroise et son identité chrétienne. 

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Au cœur de ce discours, le concept de "société ouverte", emprunté par George Soros à son mentor Karl Popper et promu à travers les Open Society Foundations, le réseau d’organismes philanthropiques qu’il a créé au service de, notamment, la cause de l’éducation supérieure libre. 

L’Université d’Europe Centrale, un établissement anglophone de haut niveau fondé en 1991 à Budapest, en a longtemps été la figure de proue, et a offert des bourses et une formation à des milliers d’étudiants. Mais cela fait bientôt deux ans que ses locaux ont déménagé à Vienne, au terme d’une campagne acharnée de Viktor Orbán à son encontre.

Quel est le projet de société défendu par Georges Soros à travers les Open Society Foundations et comment le met-il en œuvre ? Quels ont été les résultats de son action philanthropique au cours des quatre dernières décennies ? Quelles sont les racines du discours conspirationniste qui prospère à son encontre, non seulement en Hongrie, mais également, et plus particulièrement ces derniers mois, aux Etats-Unis et en Europe occidentale ?

Une discussion en compagnie de Jacques Rupnik, historien et politologue, directeur de recherche au CERI de Sciences Po Paris, et Corentin Léotard, rédacteur en chef du Courrier d'Europe Centrale, site d'actualité francophone d'Europe centrale dont vous pouvez retrouver les dossiers et articles en cliquant ici.

L'idée de la "société ouverte", c'est de créer, en temps de crise, des conditions d'auto-organisation de la société - dans la sphère culturelle, dans la sphère intellectuelle, et dans d'autres domaines - puis d'essayer de faire émerger un réseau à partir de ces acteurs de la société civile. Jacques Rupnik

L'idée, pour Orbán, de se retourner contre George Soros, est un pur calcul politique. En faire une figure du mal lui permet de stigmatiser tous ses adversaires d'un coup - l'Union Européenne comme l'opposition interne hongroise - en les présentant comme des marionnettes de Soros. Mais cette idée vient de consultants politiques américains qui lui ont été conseillés par son grand allié, Benyamin Netanyahou. Corentin Léotard

Entendez-vous l'éco ?
59 min

Seconde partie - le focus du jour

Les Open Society Foundations, acteur central dans l’élaboration des politiques de l’UE

Avec Oriane Calligaro, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’ESPOL de Lille et professeure invitée au Collège d’Europe à Bruges.

Aujourd'hui, les Open Society Foundations ne sont plus seulement reçues comme bailleurs de fonds au sein-même des institutions européennes, mais comme expert, voire comme représentants de la société civile. Et cela inquiète un peu les ONG récipiendaires d'Open Society, vu que ces derniers sont sortis de leur rôle et se sont mis à faire le travail des ONG. Oriane Calligaro

8 juin 2017, Berlin - George Soros s'exprime en marge du lancement de l'European Roma Institute for Arts and Culture (institut européen mettant en avant la culture rom)
8 juin 2017, Berlin - George Soros s'exprime en marge du lancement de l'European Roma Institute for Arts and Culture (institut européen mettant en avant la culture rom)
© Maxppp - CLEMENS BILAN/EPA/Newscom

Une émission préparée par Nicolas Szende.

Références sonores

  • Georges Soros explique ses relations avec Viktor Orban (Open Society Foundations, 2015)
  • George Soros, lors d’une conférence de presse en 1997, annonce qu’il va investir plusieurs centaines de millions de dollars en Russie (AP, 1997)
  • Extrait du discours de Viktor Orban le 15 mars 2018 lors du 170e anniversaire de la révolution de 1848
  • 10 mars 2019 - Heather Grabbe, directrice de l’Open Society European Policy Initiative, évoque le populisme et le rôle de l’Union Européenne pour le contrer (Vocal Europe)

Références musicales

  • « Held » de Kiasmos (Label : Erased tapes)
  • « Mi Voltunk » du groupe hongrois Irrie Mafia

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