Macron à Beyrouth : le retour du grand frère ? : épisode • 1/4 du podcast Rentrée diplomatique : la France à la manœuvre

Emmanuel Macron en visite à Beyrouth, dans le quartier de Gemmayzeh ©AFP
Emmanuel Macron en visite à Beyrouth, dans le quartier de Gemmayzeh ©AFP
Emmanuel Macron en visite à Beyrouth, dans le quartier de Gemmayzeh ©AFP
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Pour cette première série d'émissions de la rentrée 2020, Cultures Monde se lance dans un tour d'horizon de la rentrée diplomatique française. Arrêtons-nous aujourd'hui sur le cas du Liban, meurtri par une crise économique et sociale à laquelle s'ajoute la double explosion qui a ravagé Beyrouth.

Avec
  • Eric Verdeil Chercheur au CERI (CEntre de Recherches Internationales), enseignant à l’Ecole urbaine de Sciences-Po.
  • Sibylle Rizk Directrice des politiques publiques à l’ONG Kulluna Irada
  • Ziad Majed Chercheur et politiste franco-libanais, professeur et directeur du programme des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris

Dès le 6 août, deux jours après la double explosion qui a ravagé Beyrouth, le président Macron était le premier chef d’Etat étranger à se rendre sur place, endossant le costume du coordinateur de l’aide internationale, soulignant l’incurie des responsables politiques et appelant à des réformes profondes, dans ce pays déjà secoué par une crise économique et sociale profonde qui avait conduit à un grand mouvement de contestation en octobre 2019.

« Parce que c’est la France, parce que c’est le Liban », précise Macron lors de sa visite pour repousser les accusations d’ingérence - rappelant au passage les liens historiques très forts entre les deux pays : rappelons qu'en 1920, la France s’était vue confier par la Société des Nations l’administration du territoire par le truchement d’un mandat qui prend fin au moment de l’indépendance du Liban, en 1943.

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Mais derrière la formule, que cherche vraiment Emmanuel Macron ? Peut-il accroître l’influence de la France au Liban ? Les Libanais y sont-ils enclins ? Et dans quelle mesure le président français peut-il aider à la réforme - si réforme il y a - d’un système politique à bout de souffle ?

La France, mais aussi d'autres pays, veulent aider le Liban. Il y a deux étapes dans l'aide humanitaire : il y a l'aide humanitaire pure, mais dès lors qu'on va un peu plus loin dans l'aide à un Etat, l'on est confronté au problème de l'absence d'Etat au Liban. Il y a des institutions, mais elles ont été vidées de tout contenu, de toute substance par une oligarchie. Sibylle Rizk

58 min

Pour ceux qui considèrent que la souveraineté de l'Etat libanais est menacée par le discours de Macron, par son approche, ou même par l'ultimatum qu'il a donné à la classe politique libanaise, il faut rappeler que cette souveraineté-là n'existe pas aujourd'hui parce que cette même classe politique l'a effacée. Ziad Majed

Tous les réflexes restent communautaires au Liban, y compris dans les demandes de changement. Sauf pour les très jeunes, qui sont dans la rue aujourd'hui, et qui  sont porteurs d'espoir. Mais ils ne sont pas, seuls, en mesure de changer le rapport de forces. Sibylle Rizk

L'armée n'a pas réellement de compétences opérationnelles pour entamer la reconstruction. Elle est obligée de s'appuyer sur d'autres institutions libanaises [...] c'est une coordination dont les contours ne sont pas encore très bien établis. Éric Verdeil

La mixité urbaine qui existait avant la guerre civile était considérée comme non-intéressante, et il fallait, au contraire, faire place nette, moderniser, et la dimension financière était très importante dans ce choix. Éric Verdeil

Extraits sonores

- Intervention d'Emmanuel Macron à Beyrouth (BFM TV, 06 août 2020)

- Témoignages de jeunes Libanais contre le confessionnalisme lors d’une manifestation en octobre 2019 ( France 24, 22 octobre 2019 )

- Témoignage d’une jeune Libanaise apportant son aide à la reconstruction de Beyrouth (Brut, pour France Télévisions, 10 août 2020)

Extraits musicaux

- « Fasateen », de Mashrou' Leila (label : Shoop! Shoop!)

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