Iran : la chercheuse Fariba Adelkhah condamnée à six ans de prison

La spécialiste franco-iranienne, retenue depuis juin 2019, est accusée de vouloir porter « attenter à la sûreté nationale » de l’Iran.

 La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, photographiée ici en 2012.
La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, photographiée ici en 2012. AFP

    Arrêtée en Iran en juin 2019 et emprisonnée depuis, la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah risque de devoir passer encore plusieurs mois derrière les barreaux. Elle a été condamnée ce samedi à cinq ans de prison pour « collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale » et un an pour « propagande contre le système » politique de la République islamique.

    Elle devra purger seulement la peine la plus longue, a indiqué à l'AFP son avocat Saïd Dehghan, qui compte faire appel. « Le tribunal l'a condamnée à six ans. Nous avons fait appel et s'il est accepté, la condamnation sera ramenée à cinq ans », a-t-il précisé à l'agence Reuters. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé une condamnation « politique » qui « n'est fondée sur aucun élément sérieux ou fait établi ».

    « On s'y attendait parce que l'on savait que les conditions d'une libération conditionnelle en cours de négociation étaient inacceptables pour elle. Mais cela fait quand même un choc », réagit auprès du Parisien Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS et à la tête du comité de soutien de son « amie » Fariba Adelkhah, âgée 61 ans.

    Les proches de cette dernière craignaient notamment qu'elle doive renoncer à la reprise de ses travaux de recherche ou qu'elle soit expulsée vers la France voire se retrouve privée de son passeport iranien, indiquaient-ils dans un message envoyé vendredi soir.

    50 jours de grève de la faim

    Fariba Adelkhah, anthropologue et chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences-po Paris, avait été arrêtée avec son collègue et compagnon français Roland Marchal - libéré à la fin de mois de mars dernier. Spécialiste du monde chiite, elle avait mené une grève de la faim d'environ 50 jours entre fin décembre et février.

    Aujourd'hui, « elle est évidemment affaiblie mais elle va beaucoup mieux », souligne Béatrice Hibou. Incarcérée dans le quartier des femmes de la prison d'Evin et a yant souffert d'une maladie rénale (selon son avocat), elle bénéficie également désormais de meilleures conditions de détention.

    Leur procès s'était ouvert à Téhéran le 3 mars, et l'Iran avait fini par retirer les accusations d'espionnage à leur encontre. A l'issue de l'audience lors de laquelle Fariba Adelkhah avait comparu devant le tribunal, le 19 avril, on avocat espérait que le verdict tomberait sous huit jours.

    Appels répétés de Macron pour une libération « immédiate »

    Ses soutiens espèrent désormais que sa condamnation sera diminuée en appel. Quoi qu'il en soit, les remises de peine pourraient lui permettre de ne pas rester emprisonnée encore plusieurs années. « Nous continuons à demander sa libération immédiate et inconditionnelle », martèle Béatrice Hibou. La directrice du comité de soutien compte aussi sur l'action diplomatique de la France, même si l'Iran ne reconnait pas la double nationalité franco-iranienne.

    Ces derniers mois, Emmanuel Macron a exhorté à plusieurs reprises l'Iran à libérer « immédiatement » les deux chercheurs.