Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Roland Marchal, retenu neuf mois en Iran, revient sur ses conditions de détention

Le chercheur Roland Marchal raconte ses neuf mois de captivité aux mains des gardiens de la révolution et ses étranges dialogues avec ses geôliers qui le « voyaient comme un personnage du “Bureau des légendes” ».

Par 

Publié le 21 avril 2020 à 02h41, modifié le 21 avril 2020 à 20h29

Temps de Lecture 8 min.

Article réservé aux abonnés

Le chercheur Roland Marchal, en août 2015.

Nous sommes en juin 2019, et la pièce n’a pas de fenêtres. Le prisonnier porte encore les vêtements enfilés la veille au petit matin, dans un hôtel de Dubaï, où il était de passage avant de se rendre en Iran. Mais déjà on lui a pris sa montre, ses appareils électroniques. Sa vie ordinaire le quitte, morceau par morceau, entre les mains de gardiens empressés et anonymes. Ceux-là ne montrent pas de haine, n’usent pas de violence excessive. Leur besogne vient juste de commencer.

Il leur faut transformer le chercheur français Roland Marchal, 64 ans, en captif. Puis, pour des raisons qui échappent encore tout à fait au prisonnier, lui fabriquer une identité nouvelle. Dans les profondeurs opaques de la République islamique d’Iran, certains ont reçu la mission de faire passer Roland Marchal pour un espion. Ils s’y attelleront sans relâche. « Il va falloir nous dire la vérité », prévient un agent dans un français approximatif et abrupt. Le prisonnier apprendra bien vite que, en matière de vérité, la mécanique diplomatique, politique, judiciaire dans laquelle il vient d’être emporté connaît ses propres lois.

Quelques heures auparavant, il pensait entamer un séjour de quelques jours de vacances en Iran, avec sa compagne, l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah. A l’aéroport international Imam-Khomeyni, arrivé au niveau des contrôles, c’est une habitude, M. Marchal avait appelé son amie : « Le téléphone sonnait dans le vide. » Il l’ignore encore, mais Mme Adelkhah vient d’être arrêtée. Le service de renseignement qui a décidé de s’attaquer aux deux Français sait que le chercheur est sur le point de la rejoindre. Six hommes en tenue de civil le cueillent peu après l’atterrissage de son avion. On l’emmène dans la pièce sans fenêtres. Ses affaires sont fouillées, ses mots de passe réclamés et notés.

« Ils paraissaient certains que je n’étais pas du tout ce que je prétendais être… Les questions qu’ils me posaient me donnaient l’impression qu’ils me voyaient comme un personnage du Bureau des légendes. J’ai appris plus tard que certains de mes geôliers avaient vu cette série. »

Le premier interrogatoire va commencer. On tente de lui faire croire que sa libération ne tient qu’à une chose : sa « coopération » avec les hommes qui viennent de l’enlever. Mais que veut-on vraiment de lui ? M. Marchal l’ignore encore.

Accusé de collusion avec un Etat étranger

Après des mois de négociations et de tentatives infructueuses, M. Marchal a été libéré le 20 mars et rapatrié en France. Loin de Téhéran, depuis un appartement parisien qu’il décrit comme paisible et ensoleillé, au bord d’un boulevard déserté par le confinement, il a confié le récit de sa détention au Monde. Ses souvenirs lèvent un coin du voile sur le fonctionnement d’un régime au sein duquel certains considèrent la prise d’otage comme la poursuite de la diplomatie par d’autres moyens…

Il vous reste 73.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.