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« Penser la justice » : Michael Walzer ou la gauche biblique

Un livre d’entretiens permet de retracer l’itinéraire intellectuel d’un philosophe américain qui se trouve rarement où on l’attend.

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Publié le 07 mars 2020 à 20h00

Temps de Lecture 3 min.

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Le philosophe américain Michael Walzer, en 2004.

« Penser la justice. Entretiens avec Astrid von Busekist », de Michael Walzer, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Astrid von Busekist, Albin Michel, « Itinéraires du savoir », 364 p., 22,90 €.

Il fut un temps où l’expression « être de gauche » n’avait pas qu’une signification défensive (s’engager pour protéger les droits des minorités sexuelles, ethniques, l’environnement, etc.), mais impliquait l’espérance en un monde où régnerait la justice. Quand cet idéal reviendra, l’œuvre de l’Américain Michael Walzer, né en 1935 dans le Bronx, servira sans doute de balise. Si le progressisme, orphelin de sa référence marxiste, se cherche alors des idées neuves, il pourra les puiser dans cette œuvre forte d’une trentaine de livres (dont une dizaine traduits en français) et d’une centaine d’articles, dont la plupart sont parus dans la revue progressiste américaine Dissent, que Walzer coédita jusqu’en 2013. L’excellente introduction qu’est ce livre d’entretiens avec lui s’en imposera plus encore.

Ancrage biographique

La genèse de sa pensée trop mal connue, malgré les efforts d’admirateurs français comme l’historien Pierre Birnbaum, qui lui voue un chapitre de Géographie de l’espoir (Gallimard, 2004), se voit ici replacée dans son ancrage biographique par Astrid von Busequist, professeure de théorie politique à Sciences Po Paris et qui a su, sans lourdeur, en résumer les moments et les glissements à travers ses questions. Entrer dans la pensée du philosophe de Princeton par les étapes de son existence s’avère d’autant plus justifié que celle-ci s’est élaborée au contact des grands combats de l’après-guerre aux Etats-Unis, depuis la lutte pour les droits civiques jusqu’à l’irruption sur la scène présidentielle américaine du « socialiste » Bernie Sanders.

Lire aussi, sur « A l’ombre de Dieu », de Michael Walzer (2016) : Article réservé à nos abonnés Essai. Pas de politique tirée de l’Ecriture sainte

Certes, Michael Walzer s’est toujours efforcé de parvenir à une définition satisfaisante de la justice, comme le Platon de La République ou John Rawls (1921-2002). Mais lui a voulu enraciner la justice dans l’épaisseur et la diversité des traditions communautaires et historiques léguées par le passé. Aux grands systèmes il préfère les « petites théories » à validité restreinte et variable. Invariablement « social-démocrate », il croit à l’Etat (providence), aux nations et aux frontières – garantes selon lui de la liberté humaine. Les situations concrètes et non l’histoire de la philosophie constituent l’amorce de ses réflexions. Ainsi confie-t-il que son livre le plus célèbre, Guerres justes et injustes (Belin, 1999), naquit de la contradiction entre son propre engagement contre l’intervention américaine au Vietnam (injuste, d’après lui) et l’attaque préventive (justifiée, estime-t-il) menée par l’Etat d’Israël en juin 1967.

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