Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Procès de terroristes : « Il y a une tension entre le contexte sécuritaire et l’audience où l’on revient à une justice plus ordinaire »

Une équipe de chercheurs, dirigée par Christiane Besnier, ethnologue et Sharon Weill, spécialiste des conflits armés, a assisté aux procès liés au terrorisme djihadiste qui se sont tenus entre 2017 et 2019. Malgré le durcissement de la législation, ils y ont vu une justice plus apaisée, expliquent les deux universitaires dans un entretien au « Monde ».

Propos recueillis par 

Publié le 10 mars 2020 à 06h00

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Entretien. Alors que les grands procès des attentats de 2015 et 2016 vont débuter avec celui de Charlie et de l’Hyper Cacher en mai, une équipe de quatre chercheurs a assisté à 138 jours d’audiences entre 2017 et 2019 concernant 13 procès liés au terrorisme islamiste. Menée avec le concours de la mission Droit et justice, cette étude dirigée par Christiane Besnier, ethnologue à l’université Paris-Descartes et auteure de La Vérité côté cour (La Découverte, 2018), et Sharon Weill, maîtresse de conférences en droit international et conflits armés à l’université américaine de Paris, ausculte la façon dont la justice française a affronté en particulier le cas des revenants de Syrie. Ses auteurs y ont vu une justice apaisée malgré le fort durcissement sécuritaire.

Face à la vague du terrorisme islamiste, la France a-t-elle mis en place une justice d’exception ?

Sharon Weill : Les choses ne sont pas noires ou blanches. Il faut distinguer la législation, la politique pénale et les procès. La législation s’est durcie considérablement, faisant avancer la raison d’Etat avec de nouvelles règles dérogatoires en matière de procédure pénale, de détention provisoire ou d’aménagement de peine. Un basculement de la politique pénale est également intervenu, en 2016, à l’égard des revenants de Syrie avec la décision de ne plus les renvoyer en correctionnelle où les peines sont limitées à dix ans, mais devant les assises avec des peines de vingt ou trente ans.

Christiane Besnier : Il y a une tension entre ce contexte sécuritaire et l’audience, où l’on revient à une justice plus ordinaire. La temporalité des assises permet à la personne poursuivie de s’exprimer. Et elle le fait. Les avocats ne sont pas dans une posture politique, mais débattent de la qualification des faits et creusent le parcours de l’accusé. La présence des familles humanise ce moment. Certes, la cour d’assises spéciale n’est composée que de magistrats professionnels. Mais, puisqu’ils ne sont pas spécialisés, on les a trouvés à l’écoute, comme des jurés.

S. W. : En dehors des deux grands procès de ces années 2017-2019, celui de l’affaire Cannes-Torcy et celui de l’affaire Merah, les autres, les petits procès des revenants, auraient pu aller en correctionnelle. Et bien, la pleine oralité des débats a permis l’écoute. On a pu voir une belle justice.

Vous évoquez dans votre étude le cas des peines d’élimination que peut prononcer la cour…

C.B. : La politique pénale n’a pas eu le résultat attendu qui était de pouvoir infliger des peines supérieures à dix ans. L’avocat général, qui représente la société, demande souvent des peines très élevées. Les juges du siège étaient en revanche plus dans un cadre de délinquance que de terrorisme. Parmi les 50 accusés que nous avons suivis, la moitié a eu des peines inférieures ou égales à dix ans, ou à peine supérieures.

Il vous reste 55.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.