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Marc Lazar : « Plus l’Italie fait nation face à l’épidémie, plus elle s’éloigne de l’Union européenne »

Alors que les Italiens font bloc autour de leurs institutions, ils affichent une défiance croissante vis-à-vis de l’UE, se sentant abandonnés par leurs partenaires européens, analyse l’historien Marc Lazar dans une tribune au « Monde ».

Publié le 25 mars 2020 à 11h59, modifié le 25 mars 2020 à 17h42 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. L’Italie est le pays qui enregistre à la date du 25 mars le plus grand nombre de morts dus au coronavirus – 6 820 – et plus de 69 000 personnes contaminées. Ce drame toujours en cours, dont il faudra une fois l’épidémie jugulée, dresser un bilan complet, révèle certains traits des Italiens qui les surprennent eux-mêmes et brisent les clichés largement répandus chez les non-Italiens, à commencer par les Français.

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Nos amis transalpins sont très souvent décrits comme inciviques, individualistes, indisciplinés, résignés, attachés avant tout à leurs familles, leurs villages, leurs villes, leurs régions. Or, les Italiens respectent dans l’ensemble, et en dépit des tensions qui existent entre le gouvernement central et nombre de régions, les consignes de leurs autorités. Si les infractions progressent, incitant le gouvernement à serrer encore la vis, c’est entre autres parce que le confinement dure depuis plus de treize jours.

« Ils affichent un volontarisme résolu dont atteste le slogan “Andrà tutto bene”, (“tout ira bien”), repris du nord au sud de la péninsule »

Les Italiens font preuve d’une grande solidarité et d’une immense sociabilité : alors qu’ils sont éloignés physiquement, ils tissent du lien avec les appels téléphoniques, les mails, les réseaux sociaux et en se parlant depuis leurs fenêtres. Ils affichent un volontarisme résolu dont atteste le slogan  Andrà tutto bene (« tout ira bien »), repris du nord au sud de la péninsule.

Enfin, ils semblent communier dans un grand esprit national : ils entonnent le soir depuis leurs balcons ou sur le pas de la porte de leurs maisons leur hymne Fratelli d’Italia et ils tapissent leurs habitations du drapeau vert-blanc-rouge. Bref, l’Italie vit sans doute un intense moment patriotique qui nous renseigne sur son rapport à la nation et qui signale peut-être une modification substantielle de sa relation à l’Union européenne.

Un pays d’immigration et non plus d’émigration

« Italie, nation difficile » : la formule à succès du grand historien Giuseppe Galasso, quelque peu nuancée par les plus récents développements de la recherche historique, reste pertinente. Sans vouloir remonter plus loin dans le passé, rappelons qu’après deux décennies de nationalisme belliciste, agressif et raciste du fascisme, la République a fait preuve d’une relative atonie nationale au profit d’un fort engagement européen.

Toutefois, un changement notable s’est amorcé à partir des années 1980 dû, notamment, aux tentations séparatistes, à l’époque, de la Ligue du Nord qui a provoqué une réaction opposée et au choc migratoire, l’Italie devenant désormais un pays d’immigration et non plus d’émigration.

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