Des musées contre Darwin

Ken Ham fondateur du mouvement religieux fondamentaliste, au musée de la création ©AFP - JEFF HAYNES
Ken Ham fondateur du mouvement religieux fondamentaliste, au musée de la création ©AFP - JEFF HAYNES
Ken Ham fondateur du mouvement religieux fondamentaliste, au musée de la création ©AFP - JEFF HAYNES
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Aujourd’hui dans le Journal de l’Histoire, il est question de musées de dinosaures, de singes et d’approximations chronologiques.

Aux Etats-Unis, des musées avec une vision très particulière de l’histoire de l’humanité ouvrent leurs portes et défient le consensus scientifique sur les origines de l’homme en adoptant une grille de lecture biblique. Voici ce que l’on peut entendre dans un cours dispensé dans une académie chrétienne de l’Oklahoma : 

Selon les modèles scientifiques il aurait fallu 60 millions d'années pour saliniser les océans. Mais si la Terre n'a que 6000 ans, comment les océans peuvent-ils être aussi salés aujourd'hui ? Ils n'ont pas eu le temps. Dans ce cas là, on peut peut-être penser que comme Dieu a créé les océans il y a 6000 ans, il les a créé avec quoi ? Et oui, avec du sel dedans ! On nous a présenté les deux théories : l'évolution et la création. Et pour moi la création est beaucoup plus cohérente.

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La création d'un musée... créationniste !

Denis Lacorne dans la livraison du magazine l’Histoire de janvier 2020 analyse ce phénomène. L’article intitulé « Les musées contre Darwin » revient sur l'entrepreneuriat muséal créationniste. Le créationnisme remet en cause les théories de l’évolution tirées des recherches de Charles Darwin mais aussi de très nombreux autres scientifiques qui ont établi l’apparition très progressive de la vie sur terre sur plusieurs centaines de millions d’années. Le créationnisme oppose à cela une lecture littérale de la bible : l’univers aurait été créé en 6 jours et les 5e et 6e jour la volonté divine a inventé les êtres vivants. Les dinosaures, les moustiques, l’homme et la baleine seraient donc apparus brusquement et de concert il y a 6000 ans, c’est la bible qui nous le dit, mais le consensus scientifique date plutôt l’origine de la terre à 4,5 milliards d’années. 

En 2007 ouvrait le Musée de la Création, piloté par les théories de Ken Ham fondateur du mouvement religieux fondamentaliste, « Les réponses sont dans la Genèse ». Dans une série de dioramas et de tableaux vivants grandeur nature, on y voit de jeunes homos sapiens, notre forme d’humanité, côtoyer les dinosaures ce qui n’a jamais eu lieu, au cas où vous n’auriez pas suivi. Cet entrepreneuriat muséal et religieux ne s’est pas arrêté là, une reconstitution de l’arche de Noé grandeur nature ou plutôt grandeur biblique a ouvert ses portes en 2016.

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Quand le créationnisme sort de sa marge

Cette guerre culturelle américaine entre créationnisme et science moderne ne date pas d’hier, en 1925 John T. Scopes, un professeur du Tennessee, avait été condamné pour avoir enseigné la théorie de l’évolution, le procès est resté dans les mémoires comme « le procès du singe ». Ce qui inquiète, ce sont les habits neufs du créationnisme sorti de sa marge avec l’entrée au gouvernement de Donald Trump de deux responsables convaincus par ces thèses : le vice-président Mike Pence et la ministre de l’éducation Betsy Devos. 

Ragaillardi par ce soutien inattendu, cinq états fédéraux ont formulé des projets de loi pour permettre l’enseignement des thèses créationnistes dans les écoles publiques. 

L’article de Denis Lacorne « Les musées contre Darwin » est à lire dans le numéro de L’Histoire daté de janvier 2020 et la suite de cette guerre culturelle est à suivre dans la campagne présidentielle américaine. Et surtout écouter la Méthode scientifique de Nicolas Martin pour vous aider à renoncer à promener votre tyrannosaure en allant acheter du pain. 

par Anaïs Kien 

Pour plus d'informations : L'article « Les musées contre Darwin » de Denis Lacorne dans le magazine L’Histoire daté de janvier 2020

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