L'Iran, point chaud de la guerre froide : épisode • 1/3 du podcast L'Iran, à la confluence des passions

Resa Pahlewi, Shah d'Iran, avec Harry S. Truman, alors président des Etats-Unis, en 1950 ©Getty - ullstein bild
Resa Pahlewi, Shah d'Iran, avec Harry S. Truman, alors président des Etats-Unis, en 1950 ©Getty - ullstein bild
Resa Pahlewi, Shah d'Iran, avec Harry S. Truman, alors président des Etats-Unis, en 1950 ©Getty - ullstein bild
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L'Iran est une nation au carrefour des espaces et des tensions. Quelles relations l’Iran a-t-il entretenu avec les autres puissances dans le monde de l’après-guerre ? Comment les guerres et les révolutions ont-elles rebattu les cartes d’une diplomatie internationale complexe ?

Avec
  • Annick Cizel Enseignante-chercheuse spécialiste de politique étrangère américaine à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.
  • Clément Therme Chargé de cours à l’université Paul-Valery de Montpellier

Et si nous changions le nom du pays ? En 1935, Reza Pahlavi, le Shah d’Iran, s’adresse à l’ensemble des pays du monde : il demande de cesser d’appeler son pays « Perse ». Désormais, il faut dire « Iran » ! C’est une transformation partout dans le monde mais, en réalité, ce n’est pas le cas en Perse (enfin, en Iran), car « Iran » est le nom que les Iraniens se sont toujours donné : Ērān, autrement dit Aryens !

Une lecture rapide de ce changement de nom en 1935 peut laisser imaginer une orientation idéologique : alors que le Shah se rapproche de l’Allemagne nazie, dire « Iran » serait un rappel aux « Aryens ». Fake news ou infox, dirait-on aujourd’hui ! S’il y a de l’Aryen dans le nom Iran, il n’est en rien un clin d’œil aux thèses racistes. Dans les années 1930, ce changement de nom est davantage un signe de modernisation du pays, mais avec un écho au passé sassanide, ou l’Aryen – l’Iran – désigne le noble puis, peu à peu, l’ensemble du peuple. Donc rien de nauséabond ne perce sous le nom de l’Iran. 

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Nous recevons ce matin Clément Therme, docteur en relations internationales et en sociologie, chercheur post-doctorant à SciencesPo Paris, il est notamment l’auteur de Les relations entre Téhéran et Moscou depuis 1979, Graduate Institute Publications, 2015 et il a dirigé L' Iran et ses rivaux : entre nation et révolution, à paraître en février 2020, aux éditions Passés Composés. Un ouvrage auquel a participé notre seconde invitée, Annick Cizel, enseignante-chercheuse spécialiste de politique étrangère américaine à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.

L'Iran a à la fois, après 1945, développé ce qu'on pourrait qualifier de relations spéciales avec les Etats-Unis à l'époque du Shah d'Iran et puis de point de rupture. Où cette relation est tellement proche avant, qu'elle devient véritablement antithétiques, antagoniste par nature après la révolution islamique de 1979, et où les Etats-Unis, quelque part, ne peuvent pas se détacher de ce géant iranien et où le traumatisme de l'humiliation que subissent les Etats-Unis en 1979 avec l'attaque de leur ambassade. Cela va véritablement créer une histoire en deux temps, sous la guerre froide et aujourd'hui à la fois d'un rapprochement très particulier, très intime presque pendant des décennies et d'un éloignement qui semble irréductible aujourd'hui. Annick Cizel

_P_our l'Iran, il y a cette dimension qui est très puissante de la révolution islamique, donc une révolution religieuse. C'est là la particularité. Donc, on voit que l'ayatollah Khomeini, quand il commence à prendre le pouvoir au sein du mouvement révolutionnaire iranien à la fin des années 70 et au début des années 80, il utilise la question des relations avec les Etats-Unis pour éliminer les autres partis qui participent aux mouvements révolutionnaires à ce moment là. Et c'est l'acte fondateur de la révolution islamique : c'est la prise d'otages de l'ambassade américaine à Téhéran. Et donc, je pense que cette humiliation, ce traumatisme, est toujours présent. On l'a vu avec Donald Trump récemment, qui a menacé de viser 52 sites iraniens en référence au nombre d'otages. C'est vrai que cette identité antiaméricaine de la révolution islamique est un problème encore aujourd'hui, mais je ne dirais pas tellement pour les pays occidentaux, mais pour la population iranienne qui vit une situation économique désastreuse aujourd'hui. Clément Therme

Sons diffusés : 

Musique : Past time Paradise, de Martik 

Archives : 

  • Extrait de Persepolis, réalisé par Marjane Satrapi, 2007 
  • Les actualités française, à propos de l'incident Gromyko au Conseil de sécurité de l'ONU, le 04/04/1946
  • Interview du Shah d'Iran, Journal Télévisé de 20h, 1959
  • Flash sur le passé, le 16 août 1953
  • Farah Pahlavi, dans Figures de proue, le 26/10/2003

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