Australie : l’ère des méga-feux

Un feu ravageant la forêt de Moruya en Australie le 4 janvier ©AFP - PETER PARKS
Un feu ravageant la forêt de Moruya en Australie le 4 janvier ©AFP - PETER PARKS
Un feu ravageant la forêt de Moruya en Australie le 4 janvier ©AFP - PETER PARKS
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Des forêts parties en fumée, des populations déplacées, l'état d'urgence décrété : l'Australie fait face à l'enfer des méga-feux depuis septembre. Les catastrophes qui touchent l'Australie nous donnent-elles un avant-goût d'un dérèglement plus global à venir ?

Avec
  • Charlotte Epstein Professeure associée en sciences politiques et relations internationales à l’Université de Sydney, chercheuse invitée au CERI - Sciences Po Paris
  • Fabrice Argounès Enseignant à l’Université de Rouen (ESPE) et commissaire d’exposition
  • Joëlle Zask Maître de conférences à l'université Aix-Marseille, membre de l’Institut universitaire de France et spécialiste du pragmatisme et de philosophie sociale

Depuis septembre, l'Australie est ravagée par des incendies qui ont tué 24 personnes et ont réduit en cendres près de 80 000 km2 dans tout le pays, une superficie presque équivalente à l'Irlande. L'état d'urgence a été décrété dans le sud-est de l'île et ordre a été donné vendredi à plus de 100 000 personnes d'évacuer leur domicile dans trois États.  

Des voix de plus en plus nombreuses y voient un lien direct avec le réchauffement climatique. En effet, si les feux de forêt n’ont rien d’exceptionnel à cette période de l'année, leur ampleur hors norme a été permise par les records de température qui touchent l'Australie ces dernières semaines. 

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Ces catastrophes arrivent dans un pays traditionnellement peu versé sur la question écologique où la remise en question de la dépendance au charbon reste taboue. Dénonçant l’inaction de son pays, l’écrivain australien Richard Flanagan publiait le 3 janvier une tribune dans le New York Times alertant du «suicide climatique » qu’était en train de commettre son pays.

Face à l'épreuve des méga-feux, une prise de conscience est-elle en train de s’opérer ? La catastrophe qui touche l'Australie nous donne-t-elle un avant-goût des dérèglements à venir dans le reste du monde ?

Pour en parler, nous recevons Fabrice Argounès, géographe et politiste, enseignant chercheur à l’Université de Rouen, auteur du “Dictionnaire de l’Anthropocène” (CNRS éditions, à paraître en mai) et Charlotte Epstein, professeure associée à l’Université de Sydney, chercheuse invitée au CERI Science Po Paris. 

Ils seront rejoints par Joëlle Zask, philosophe, elle enseigne la philosophie à l’université Aix-Marseille et publie “Quand la forêt brûle” (éditions Premier Parallèle, 2019).

"L'été australe 2019-2020 est marqué par la multiplication des feux,  et leur zone géographique qui touche les deux Etats les plus peuplés et le cœur démographique et économique du pays" - Fabrice Argounès

"Les libéraux ont commencé par accuser les écologistes au départ, mais les Verts sont au pouvoir nulle part. Mais la stratégie de Scott Morrisson change, dans le langage du moins, il soutient qu'il n'a jamais dit que les feux n'étaient pas dus au réchauffement climatique." Charlotte Epstein

"La question des enjeux globaux du changement climatique pose la question du rôle de l'Australie et notamment du rôle des matières premières dans l'économie, qui a longtemps été nié par le premier ministre. Le cœur de l'économie australienne est historiquement l'exportation. Le pays, une colonie britannique de peuplement à partir de la fin du 18è siècle, était un pourvoyeur de matières premières et agricoles pour les britanniques." Fabrice Argounès

"Le feu anthropique redevient naturel et se retourne contre nous"

La saison du feu dure toute l'année, ils se déplacent d'un endroit à l'autre du globe, ça ne s'arrête jamais. On peut désormais parler de pyrocène. Les feux seraient des bons compétiteurs dans le développement des gaz à effet des serres et dépasseraient l'activité industrielle. Les feux en Australie créent leur propre climat. Le feu anthropique redevient naturel et se retourne contre nous. Joëlle Zask

La Transition
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