Perspectives 2020

Election présidentielle aux Etats-Unis : Donald Trump, l'inoxydable peroxydé ?

Election présidentielle aux Etats-Unis : Donald Trump, l'inoxydable peroxydé ?
Au moment de retourner devant les électeurs, Donald Trump pourra notamment se prévaloir de la très bonne santé de l’économie américaine depuis trois ans. Un argument souvent décisif pour les présidents sortants aux États-Unis. © BRENDAN SMIALOWSKI
Le 3 novembre, le monde aura les yeux rivés sur les États-Unis. À dix mois jour pour jour du scrutin présidentiel, et malgré une incroyable série d’avanies, l’hypothèse d’une réélection de Donald Trump semble probable. 

Depuis qu’il a franchi les grilles de la Maison-Blanche, le 20 janvier 2017, le 45e président des États-Unis a tout connu ou presque : enquête sur les soupçons d’ingérence russe dans la dernière campagne, accusations d’agressions sexuelles en cascade, départs en chaîne dans son staff, procès récurrents en incompétence, polémiques incessantes autour de ses tweets compulsifs, et maintenant procédure de destitution.

L’ex-magnat de l’immobilier est pourtant toujours debout. D’après Denis Lacorne, directeur de recherche à Sciences Po, politologue et spécialiste de l’histoire des États-Unis (*), il devrait même rempiler sans problème, à l’automne, pour quatre ans de plus.

Denis Lacorne. Photo DR éditions Fayard.

Trois des quatre derniers locataires de la Maison-Blanche ont été élus pour un second mandat. Selon vous, Trump confirmera-t-il cette tendance ? 

Normalement, oui. L’économie se porte très bien, le taux de chômage est au plus bas, la bourse fait mieux que jamais : tous ces facteurs sont habituellement décisifs pour permettre la réélection d’un président américain. Même si sa politique étrangère est une catastrophe, Donald Trump devrait a priori l’emporter très facilement.

La procédure d’impeachment lancée contre lui par les démocrates semble vouée à l’échec. Peut-elle néanmoins avoir un impact sur la campagne ? 

Non, je ne pense pas. D’ailleurs, et c’est un signe important, la popularité de Trump n’a pas chuté. Il est déjà acquis que le procès à venir devant le Sénat sera gagné par les Républicains, qui y sont majoritaires. Si la procédure s’arrête vite, ce qui semble probable, tout le monde va vite tourner la page. Y compris les démocrates, qui n’auront pas intérêt à focaliser la campagne sur une destitution qui n’aura pas abouti. Pour que les lignes bougent, il faudrait de nouvelles révélations, de nouveaux témoignages accablants sur les manigances trumpiennes avec l’Ukraine.

Depuis trois ans, on a le sentiment que Donald Trump a traversé toutes les épreuves, même les plus improbables, sans jamais sombrer…

C’est exact, et cela s’explique à mon sens par sa tactique, qui est immuable : Trump a fait le choix d’ignorer totalement le camp des modérés et des hésitants pour mettre le paquet sur sa base, ces fameux 34 % de Républicains prêts à tout pour le soutenir. Il s’est d’ailleurs vanté un jour que ceux-là ne le lâcheraient pas même s’il tuait quelqu’un au cœur de Manhattan… C’est un choix jusque-là payant, qui lui permet de survivre à tout. Il faut savoir que ce socle indéfectible d’électeurs très conservateurs, très polarisés, se trouve dans les États décisifs du collège électoral que sont le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Cela compte.

Qui, chez les démocrates, vous paraît le mieux armé pour peut-être créer la surprise ? 

Il est encore trop tôt pour dire qui sortira vainqueur des primaires, qui sont un véritable marathon. À ce stade, Joe Biden (l’ancien vice-président d’Obama, NDLR), qui se présente comme l’homme de la réunification du pays, a de vraies chances. Mais la lutte s’annonce très serrée, notamment avec Bernie Sanders et Elizabeth Warren. 

Malgré ses 77 ans, Joe Biden fait pour l'heure figure de favori à l'investiture démocrate. Photo AFP

Pour espérer l’emporter en novembre, le candidat du camp démocrate devra obtenir le soutien du centre et être aussi capable de séduire une frange même mince des déçus de l’actuel président, en particulier les femmes et les évangéliques, qui jugent Trump immoral. Ce challenge semble mieux convenir au profil de Biden qu’à celui de Sanders et de Warren, qui sont plus à gauche et donc plus clivants.

A quel type de campagne peut-on s’attendre ? 

On ne va pas de faire de cadeaux, c’est évident. Les invectives et les insultes vont continuer à fuser. Trump a par exemple retweeté récemment un message posté par un groupe de suprémacistes blancs, qui présentaient Obama comme un « suppôt de satan » et un « déchet de l’islamisme ». Cet incontrôlable et incontrôlé n’a aucune limite face à ses opposants. Dans son esprit, tout est bon pour abattre l’adversaire, quel qu’il soit.

Propos recueillis par Stéphane Barnoin

(*) Dernier ouvrage paru : « Tous milliardaires ! Le rêve français de la Silicon Valley » (éditions Fayard).

Les 5 dates à retenir

3 février
Comme le veut la tradition, les habitants de l’Iowa lancent les primaires pour désigner leur candidat républicain et démocrate en vue du scrutin présidentiel. 

3 mars
Avalanche de primaires dans pas moins de 15 États, dont le Texas et la Californie. Ce « Super Tuesday » pourrait s’avérer décisif dans la course à l’investiture côté démocrate. Les primaires se poursuivront ensuite de façon échelonnée jusqu'en juin.

24-27 août
Convention républicaine, à l’issue de laquelle Donald Trump devrait être désigné candidat. 

29 septembre
Premier des trois débats entre les postulants à la Maison-Blanche. 

3 novembre
Élection présidentielle au suffrage universel indirect. Des millions d’Américains se déplaceront aux urnes pour élire 538 grands électeurs. Lesquels voteront ensuite pour désigner le vainqueur.


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