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« Emmanuel Macron a été élu pour sortir de la France de l’inertie »

Partisan du pragmatisme présidentiel, le politiste Christian Lequesne dénonce la condescendance avec laquelle sont considérés ceux qui œuvrent pour des réformes et pour une société moins conflictuelle.

Publié le 14 janvier 2020 à 06h15 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. On a pu lire depuis quelque temps, y compris dans les colonnes de ce journal, des analyses expliquant qu’Emmanuel Macron ne comprendrait rien à la nature des conflits sociaux en France. La preuve en serait que, depuis l’élection présidentielle de 2017, les conflits se seraient multipliés comme jamais. Ce dernier constat est recevable, à ceci près que l’augmentation s’explique d’abord par le nombre de réformes majeures qui ont été engagées. L’agenda de réformes initié par Emmanuel Macron est le contraire de la pensée managériale. Le manageur moderne est en effet souvent devenu celui qui vise le « zéro problème » pour ne heurter personne au détriment du changement. C’est précisément pour sortir de cette inertie du quinquennat précédent qu’Emmanuel Macron a été élu.

« Nous sommes dans un pays où la violence et le rapport de force continuent de s’imposer pour réaliser n’importe quelle décision collective »

La culture politique française continue à détester le mot « pragmatisme » et cela est bien dommage. Dans une démocratie moderne, il devrait être normal – pour ne pas dire banal – que le gouvernement et les partenaires sociaux règlent les problèmes en trouvant des compromis autour d’une table. Négocier : c’est bien le mot essentiel qui fait défaut à la France. Les élites gouvernementales comme les syndicats français ont l’impression que négocier le social équivaut d’abord et avant tout à se faire avoir par l’autre. C’est ainsi que, si la France est souvent fière d’affirmer qu’elle résiste au libéralisme, il faudrait préciser : surtout au libéralisme politique qui fait du compromis une valeur.

Nous sommes dans un pays où la violence et le rapport de force continuent de s’imposer pour réaliser n’importe quelle décision collective. L’histoire nous en fournirait, paraît-il, l’explication : la France préférerait la castagne et la casse à la négociation et au compromis, parce qu’elle n’aurait jamais surmonté un vieil imaginaire révolutionnaire. Ce serait donc une fatalité de l’histoire qu’il faudrait porter à vie. Mais l’histoire n’est jamais immuable, elle a, au contraire, vocation à évoluer en permanence. Et il serait temps que la France se transforme en une démocratie moderne en renonçant au cocktail délétère technocratie d’Etat omnisciente et lutte des classes nostalgique qui l’empêche de se réformer.

La manière dont le débat français considère avec condescendance ceux qui sont favorables à une société moins conflictuelle est inquiétante. On les range volontiers dans la catégorie des élites mièvres qui vivraient totalement à côté de la plaque. L’opposition entre un peuple pur, sachant ce qu’est le tragique de la vie et de la lutte, et des élites bien pensantes qui en ignoreraient tout répond parfaitement à la définition du populisme. Elle est même la seule définition sur laquelle les sciences sociales s’accordent un tant soit peu.

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