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« Qu’est-ce qu’une libération d’otages réussie ? »

Pour éviter des morts comme celles survenues lors de l’opération de sauvetage menée au Burkina Faso, il faut, selon le politiste, que les Etats s’organisent à l’échelle mondiale et créent des institutions internationales chargées de gérer ces interventions.

Publié le 15 mai 2019 à 04h54, modifié le 15 mai 2019 à 09h21 Temps de Lecture 5 min.

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Les otages libérés par les forces spéciales dans le nord du Burkina Faso sont accueillis par Emmanuel Macron à leur arrivée à Villacoublay, le 11 mai.

Tribune. Dans l’après-coup de la libĂ©ration, dans la nuit de jeudi 9 mai au vendredi 10 mai, au Burkina Faso, des quatre otages retenus au Sahel, et de la mort des deux militaires français, l’opĂ©ration a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de « demi-succès Â». Cette phrase interroge, on peut se demander si c’est vraiment le cas et quelle aurait Ă©tĂ© une opĂ©ration rĂ©ussie. Face aux prises d’otages, l’usage de la force est une dĂ©cision politique, alors que l’Etat a d’autres possibilitĂ©s.

Celui-ci peut simplement refuser de nĂ©gocier, il peut aussi engager des pourparlers. En cas d’intervention, si tous les otages sont libĂ©rĂ©s et leurs sauveteurs rentrent sains et saufs, l’opĂ©ration est considĂ©rĂ©e comme un succès. Si les otages sont tuĂ©s et, Ă©ventuellement, si les soldats qui viennent les libĂ©rer meurent aussi, l’opĂ©ration est un Ă©chec. Mais qu’en est-il dans les autres cas, si nombreux ?

Aujourd’hui, la thèse du « demi-succès Â» est une rĂ©ponse dictĂ©e par la pudeur, notamment par respect pour les familles et les proches des deux officiers qui ont Ă©tĂ© tuĂ©s. Cependant, au-delĂ  du fait qu’un succès n’est pas sĂ©cable, politiquement, cette idĂ©e est approximative. Dans le système politique oĂą nous vivons, cette opĂ©ration est bel et bien un succès. Cependant, dans un autre monde possible, les gages politiques d’un meilleur succès seraient rĂ©unis.

L’usage de la force : un choix politique

Les opérations de sauvetage d’otages sont extrêmement périlleuses et il est fréquent qu’au-delà des ravisseurs des personnes dont la vie est précieuse meurent, les sauveteurs ou bien les otages eux-mêmes. Ces derniers peuvent être tués par leurs ravisseurs, ils peuvent également tomber sous les balles de leurs sauveteurs. C’est même un paradoxe – parfois, des Etats acceptent de risquer la vie de leurs citoyens pour les sauver. Dans ce cas, l’objectif prioritaire est d’empêcher qu’une fois hors d’atteinte les otages vivants ne se transforment en monnaie d’échange (ce que la France voulait éviter).

Ainsi, l’usage de la force est un choix politique qui a pour objectif de libérer les otages, tout en refusant de négocier avec les ravisseurs. C’est une question de souveraineté. Pour l’Etat, il est inacceptable que la vie de ses citoyens dépende d’un autre groupe, qui plus est d’un rang inférieur.

Au fondement de la souverainetĂ©, on trouve un principe : l’Etat dispose des vies de ses citoyens. Il dĂ©cide qui sauver, en l’occurrence ici des civils. Il dĂ©cide aussi des vies qui seront mises en danger, en l’occurrence ses soldats, qui acceptent de mourir au service de la nation. Un Etat qui se dit souverain doit prĂ©server les termes de cette Ă©quation politique. Sa souverainetĂ© toute patriarcale repose sur ce pouvoir de vie et de mort.

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