Tribune. Xi Jinping a choisi de venir en Europe alors que les relations avec les Etats-Unis sont très tendues. Le numéro un chinois se présente comme un homme fort, repère stable au milieu du chaos qui règne sur la scène internationale. Pourtant, les années finissant en neuf ne plaisent pas aux dirigeants chinois.
Le 10 mars a marqué le soixantième anniversaire du soulèvement tibétain de Lhassa. Le 4 mai marquera le centième anniversaire de la manifestation des étudiants de l’université de Pékin, qui marque l’entrée de l’intelligentsia sur la scène politique chinoise. Au printemps, on célébrera (mais pas en Chine) les 30 ans du mouvement pour la démocratie de Tiananmen qui s’est conclu par un massacre, les 20 ans de l’encerclement de Zhongnanhai par la secte Falun Gong avant de commémorer les 70 ans de la République populaire, en octobre. Une année chargée pendant laquelle les organes de sécurité sont mobilisés car le parti craint que les citoyens ne se saisissent de ces anniversaires pour exprimer leur mécontentement.
Car le Parti communiste chinois (PCC) n’a pas changé depuis 1989. Le développement rapide de l’économie ne s’est pas traduit par une démocratisation. Au contraire, l’embryon de société civile apparu au tournant du siècle a été réprimé. En juillet 2015, plus de 300 avocats défenseurs des droits de l’homme ont été arrêtés par la police, et une vingtaine d’entre eux, condamnés à des peines de prison à la suite d’humiliantes séances d’autocritiques télévisées.
Des animateurs d’ONG de défense des ouvriers ont été envoyés en prison, tout comme le fondateur du Mouvement des nouveaux citoyens, toujours sous surveillance après avoir purgé sa peine de quatre ans. Xi répète à l’envi que les juges doivent obéir au PCC, que la presse doit « s’identifier au parti » tandis que, dans les universités, il est interdit de faire référence à de « prétendues valeurs universelles ». La pratique religieuse est enrégimentée, et pas seulement au Tibet.
Le contrôle de la société renforcé
Au Xinjiang, près d’un million de Ouïgours et de Kazakhs sont enfermés dans des lieux de détention qualifiés de « centres de formation professionnelle », uniquement parce qu’ils donnent des prénoms musulmans à leurs enfants, ou mangent halal. Cette répression n’a pas suscité de fortes critiques de la « communauté internationale » et notamment pas des pays musulmans.
Mais les Ouïgours ne sont pas les seules victimes de la retotalitarisation du régime. Le PC ne cesse de renforcer son contrôle sur la société : l’intelligence artificielle vient au secours des moyens de contrôle traditionnels du maoïsme, comité de quartier, dossier, livret de résidence etc. Les tentatives d’instaurer un « crédit social » – combinant la solvabilité, la conformité – risquent d’institutionnaliser un système orwellien. On peut se demander à quoi servent la coopération et le commerce dans le domaine des hautes technologies.
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