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Le gilet jaune interdit à la vente en Egypte

Le gilet jaune interdit à la vente en Egypte

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Par crainte que les opposants au régime d’Abdel Fattah al-Sissi ne copient les gilets jaunes français, les autorités égyptiennes ont décidé de tout simplement limiter la ventes de ce nouveau symbole de contestation.

Pour vendre un gilet jaune en Égypte , il faut désormais… demander l’autorisation à la police. L’agence américaine Associated Press (AP), notamment reprise par le Washington Post rapporte que les autorités égyptiennes ont pris la décision de restreindre la vente des gilets jaunes, maintenant qu'ils sont devenus un symbole de contestation en France. Des responsables de la sécurité expliquent, sous le couvert de l’anonymat, que les importateurs de produits de sécurité industrielle et les grossistes ont été convoqués à une réunion avec de hauts responsables de la police du Caire afin d'être informés des nouvelles règles de vente. Quatre magasins du centre-ville de la capitale égyptienne ont par ailleurs confirmé à l'agence AP qu'ils ne vendaient plus, sur demande de la police, de gilets jaunes.Pour Stéphane Lacroix, spécialiste de l’Égypte au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), cette interdiction surprenante n’est pourtant pas une surprise : "Le régime de Fattah al-Sissi réprime tout ce qui peut s’apparenter à une révolution, même de loin". Le chercheur en est donc sûr : "Si des Egyptiens se pointent dans la rue avec des gilets jaunes, ils seront arrêtés".

"C’est un régime de terreur, dès que le peuple songe à bouger, le gouvernement sanctionne"Élu président en 2014 et reconduit pour un deuxième mandat en juin dernier, Abdel Fattah al-Sissi mène en effet son pays d'une main de fer."C’est un régime de terreur, dès que le peuple songe à bouger, le gouvernement sanctionne", observe Stéphane Lacroix. L’Égypte ayant quasiment interdit les manifestations, aucun évènement d’envergure n’a eu lieu en quatre ans.

Ces nouvelles mesures de restriction préventives interviennent deux mois avant le huitième anniversaire des révoltes de la Place Tahrir, qui avaient conduit en janvier 2011 à la chute du président Hosni Moubarak. "Abdel Fattah al-Sissi pense que s’il y a eu une révolte en 2011, c’est parce que Moubarak n’avait pas pris au sérieux les contestations de l’époque et avait autorisé de petits espaces de contestation" estime Stéphane Lacroix.Pas folles, les autorités égyptiennes auraient aussi prévu de prévenir toute contestation sociale en retardant les hausses de prix prévues l'an prochain, rapporte à AP un avocat égyptien des droits de l'homme, Negad Borai, "afin d'éviter les manifestations inspirées par ce qui se passe en France".

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne