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Le Premier ministre tchèque, un Européen inclassable

On le dit libéral populiste et anti-européen. Andrej Babis, le Premier ministre tchèque a tenté lundi, à Sciences-Po de préciser sa vision de l'Europe.

Le Premier ministre tchèque a assisté dimanche à Paris aux cérémonies de commémoration de la première guerre mondiale.
Le Premier ministre tchèque a assisté dimanche à Paris aux cérémonies de commémoration de la première guerre mondiale. (Jean-Francois Badias/AP/SIPA)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 12 nov. 2018 à 19:09

Invité lundi par Sciences-Po à s'exprimer sur les futurs défis de l'Europe, le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, a laissé son auditoire sur sa faim. Plutôt décontracté et pince sans rire, l'homme d'affaires qui s'est exprimé en français - il a passé une poignée d'années au Maroc- reconnaît d'emblée qu'il n'est pas un bon orateur. Ce qui frappe surtout, après plus d'une heure d'intervention, c'est l'absence de pensée politique structurée sur l'Europe. Le dirigeant passe d'un sujet à l'autre au gré de son discours, sans jamais aller au fond des choses et sans qu'on puisse retenir ses idées-forces.

Projet fantastique

Difficile dans ces conditions de mettre le curseur sur son degré d'adhésion ou de rejet de l'Europe. L'homme qui est souvent taxé de populisme en Europe est heureux que son pays fasse partie de l'Union européenne parce qu'elle constitue « un projet fantastique pour la paix ». Il souhaite qu'elle apporte davantage de sécurité aux citoyens et se montre plus active dans le monde. En même temps, il se scandalise de la proposition de la Commission européenne de vouloir multiplier par deux le budget de la Défense européenne. « Si les pays européens augmente à 2 % du PIB leurs dépenses nationales de défense - [NDLR : un objectif fixé par l'OTAN], pourquoi accroître aussi les dépenses au niveau européen ? » s'interroge-t-il.

Des directives tous les jours

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Son discours sur l'Europe est truffé de contradictions. Il voudrait que l'Union se recentre sur ses quatre libertés - libre circulation des hommes, des biens, des services et des capitaux et se plaint que le marché unique ne soit toujours pas achevé. Dans la même phrase, Il fustige la manie de la Commission européenne « d'inventer des directives tous les jours » alors que l'essentiel du travail de la Commission consiste justement à parachever le marché unique. Il n'aime guère l'exécutif européen, jugé trop interventionniste et trop « politique » : il le préférerait réduit à un simple « secrétariat » chargé d'assister les Etats membres.

Excellente vitesse

Andrej Babis qui rejette l'idée d'une Europe à plusieurs vitesses et entend faire partie du noyau dur de l'Union, refuse la monnaie unique. « Je vous garantis que notre vitesse est excellente, ironise-t-il, nous avons le taux de chômage le plus faible d'Europe, une dette quasi -inexistante et l'une des croissances les plus fortes ».

Même son discours sur les migrants , pourtant rodé, n'est pas exempt d'incohérences. D'un côté, il se dit favorable à l'arrêt des migrants aux frontières extérieures de l'Europe et souhaite le maintien de l'espace Schengen. Mais en même temps, il propose que chaque Etat soit individuellement maître de sa politique migratoire.

Fake news

Pas désarçonné une seconde par les questions des étudiants de Sciences po sur les risques de conflits d'intérêt entre ses fonctions de Premier ministre et celle de patron du conglomérat Agrofert ou sur les accusations de détournement de fonds européens, il affirme qu'il s'agit de « fake news » et qu'il n'a jamais été condamné.

« C'est un pragmatique intégral, ce qui le distingue des deux dirigeants à problème en Europe de l'est, commente Jacques Rupnik, professeur à Sciences po et spécialiste de l'Europe orientale. A la différence de Orban en Hongrie, et de Kaczynski en Pologne, Babis ne s'attaque pas au pouvoir judiciaire et il ne mène pas de croisade anti-libérale au nom des valeurs familiales et religieuses. »

Catherine Chatignoux

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