23/11/2021
14:30 19:00
Cette conférence examinera les liens complexes entre savoir académique, expertise, justice et démocratie face à la question djihadiste.… Lire la suite

Une conférence organisée dans le cadre de l'IRN RADEX Contextualizing Radicalization: The Politics of Violent Extremism

Cette conférence examinera les liens complexes entre savoir académique, expertise, justice et démocratie face à la question djihadiste. Dans le contexte actuel très sensible où l’invective remplace souvent l’analyse sur ces questions, quel rôle jouent respectivement les tribunaux, les enquêtes de sciences sociales et les espaces de délibération collective dans le jugement de la violence djihadiste (au double sens juridique et analytique du terme jugement) ? Dans quelles mesure les logiques de l’expertise, de la recherche, de la justice et du débat public se distinguent-elles ou s’influencent-elles les unes les autres ?

Panel 1 - 14:30 - 16:30 
Chercheurs à la barre

Olivier Roy, Institut Universitaire Européen de Florence (Italie)
Quand les chercheurs se font témoins
Le témoignage de sociologues et politologues dans des procès criminels fait problème pour deux raisons. Tout d’abord, ces procès visent à juger une personne. Or les théories et hypothèses en sciences humaines ne portent pas sur des individus mais sur des structures. Ensuite, il s'agit de juger une idéologie ou un ensemble de phénomènes (terrorisme). Or des catégories telles que celles de « terrorisme » font débat parmi les chercheurs. Comment faire en sorte que le tribunal ne se transforme pas en un lieu de légitimation scientifique d’une catégorie contestée ?  

Sharon Weil, Université américaine de Paris et chercheuse associée au CERI
La transformation des procès pénaux à l’ère du terrorisme djihadiste 
Bien que les procès pénaux soient conçus pour réprimer des actes individuels, on constate l'émergence d'un nouveau rôle des procès pénaux à l’ère du terrorisme djihadiste. Le procès pénal devient un « forum » donnant la parole à différents acteurs afin de reconstruire un phénomène socio-historique dans toute sa complexité, comme dans les commissions de vérité.  Ces procès, et en particulier les procès dits « historiques », deviennent alors un espace où les accusés présentent leur parcours de radicalisation, les victimes relatent leur traumatisme et attentes, les experts situent le phénomène dans un contexte politique, social et médical, les policiers et les services de sécurité exposent leur travail mais aussi leurs difficultés. En effet, plus le procès est de grande ampleur, plus nous dépassons l'objectif initial d'établir uniquement la responsabilité individuelle. Nous mettrons ainsi en perspective cette transformation afin de problématiser les effets de la transformation de l’espace judiciaire en forum. 

Modération-Discussion
Nadia Marzouki, Sciences Po-CERI / CNRS
 

Panel 2 - 17:00 - 19:00
Une convention citoyenne sur la violence politique ?

Pierre Puchot, écrivain, cinéaste, journaliste spécialiste du Moyen-Orient  
Fabien Truong, 
Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris, Cultures et Sociétés Urbaines (Cresppa-CSU)
Loïc Le Pape, Université de Paris-Panthéon Sorbonne

Face à l’état délétère des débats publics sur le djihadisme en France, Pierre Puchot, Fabien Truong et Loïc Le Pape proposent une alternative : confier le sujet à un débat collectif de longue durée, qui mettrait l’accent sur la connaissance détaillée des trajectoires individuelles rendues publiques par les procès en cours. Pour que la société française comprenne comment elle a pu produire en son sein des djihadistes, il convient qu’elle puisse se réapproprier la compréhension de ce phénomène complexe et multifactoriel. Citant en exemple les conventions citoyennes sur le climat, les trois auteurs mettent l’accent sur l’importance de mettre en place des forums qui permettent aux individus de s’informer sur la complexité de parcours et d’histoires, et de faire des propositions.

Modération-Discussion
Flora Hergon, doctorante en sociologie à l'EHESS et au Centre Maurice Halbwachs, également affiliée à l'Institut Convergences Migrations.
Bernard Reber, Sciences Po-CEVIPOF/ CNRS

 

Responsable Scientifique: Nadia Marzouki, Sciences Po-CERI / CNRS

Organisé par : CERI