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Aux côtés des étudiants réfugiés et en exil

Au travers de ses actions étudiantes comme de ses programmes de formation, Sciences Po s’est engagé à plusieurs reprises en faveur de celles et ceux qui n’ont eu d’autres choix que de fuir leur pays d’origine.

Une mobilisation de longue date

Relayant les mots d’ordre et les actions des organisations syndicales nationales, des étudiants de Sciences Po se sont d’abord mobilisés, dès la fin des années 1970, pour protéger les droits des étudiants étrangers en France. L’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF) et le Mouvement d’Action Syndicale (MAS) appellent ainsi à la manifestation contre le projet de loi Bonnet en 1979, qui durcit les conditions d’entrée sur le territoire et facilite les expulsions. L’UNEF dénonce au travers de tracts, quelques années plus tard, de « nouvelles mesures discriminatoires à l’égard des étudiants étrangers » lorsque les circulaires Joxe et Massot sont produites, et qu’elles empêchent ces derniers de trouver un emploi étudiant en parallèle de leurs études. Les syndicats étudiants Pour un Syndicalisme Autogestionnaire (PSA) et UNEF-ID sont à nouveau vent debout lorsqu’est votée la réforme du code de la nationalité en 1993. Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), la Confédération Nationale du Travail (CNT), le Collectif anti-fasciste et anti-raciste (Cafar), l’Union syndicale solidaire Sud, et République Sociale rejoignent la lutte lors des révisions des lois Pasqua-Debré (1993 et 1997), ou de la loi Chevènement (1998), qui durcissent les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France. Ils appellent à manifester, demandent la régularisation de nombreux sans-papiers, luttent contre l’expulsion de ceux logés à quelques rues du 27 rue Saint-Guillaume, rue du Dragon.

Progressivement la lutte s’élargit aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. En 1991, l’AGE-UNEF requiert le droit d’asile pour près de 200 demandeurs répartis dans toute la France. Ils sont Kurdes, Turcs, Angolais, Gambiens, Maliens, Guinéens, Zaïrois, Péruviens ou Haïtiens, et ont fui leur pays où ils étaient en danger de mort. Les étudiants chrétiens de Sciences Po se mobilisent également au travers du Centre Saint-Guillaume (CSG). Des volontaires sont ainsi envoyés à l’été 1990 à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, au sein de camps de réfugiés cambodgiens. En France, d’autres bénévoles au sein du CSG donnent de leur temps pour aider les réfugiés Cambodgiens, Vietnamiens ou encore Tamouls. Ils forment à l’apprentissage de la langue française, aident à remplir les dossiers de demande de reconnaissance de leur situation de réfugié politique, et apportent un soutien aux plus jeunes dans leurs études.  

Poursuivre ses études malgré l’exil

Pour prolonger cette dynamique, Sciences Po a créé il y a six ans, en partenariat avec l’ONG each One (ex-Wintegreat) un programme de formation spécialement dédié à l’accueil des réfugiés, baptisé Welcome Refugees. L’institution a ainsi répondu à des étudiants et notamment à la demande d’Alyette Tritsch, étudiante en Master Affaires internationales spécialité Human Rights and Humanitarian Action, qui cherchait à aider les jeunes issus de la crise migratoire syrienne de 2015 à poursuivre leurs études. Dans cette première promotion sont alors principalement inscrits des Syriens, des Soudanais mais aussi un Egyptien, une Albanaise et un Guinéen. Pendant un semestre entier, une vingtaine d’étudiants apprend ainsi gratuitement le français comme langue étrangère (FLE), à raison de 12h par semaine, et participe à diverses activités culturelles.

En parallèle de ce programme, Sciences Po a mis en place à la rentrée 2018 un Certificat professionnel pour jeunes réfugiés, obtenu après trois semestres d’étude et un semestre de stage. Les réfugiés inscrits dans ce parcours étudient ainsi le droit, l’histoire de la France, de l’Europe, du Moyen-Orient, la science politique, les humanités politiques. Ils suivent des cours de français et d’anglais, de mathématiques appliquées aux sciences sociales, de bureautique et de management. De nombreuses visites ont lieu au sein des institutions politiques et culturelles, et des partenariats ont été noués avec la Comédie Française et l’Université de Princeton. Plus professionnalisant, ce programme leur permet aussi lors d’ateliers mais aussi de rencontres à Sciences Po ou sur site de découvrir les métiers proposés par les partenaires que sont notamment Ipsos, Levi’s, Hermès, la RATP ou encore Radio France, et de réaliser un stage en entreprise. « De nombreux étudiants de première année sont des Afghans», précise la directrice de la scolarité et de la réussite étudiante, Myriam Dubois-Monkachi. « Les promotions reflètent les crises mondiales et les migrations qu’elles engendrent. »

D’ailleurs, depuis le début de la guerre en Ukraine, Sciences Po a renforcé sa politique partenariale avec deux universités de Kiev, afin d’accueillir une vingtaine d’étudiants, au Collège universitaire comme en Master. Sciences Po leur accorde à chacun, les trois premiers mois, une bourse de vie mensuelle, afin de leur permettre de se loger, de se nourrir, de se vêtir, à laquelle s’ajouteront les aides et les bourses du CROUS, le repas à 1€ et de nombreux dispositifs d’aide d’urgence. Les étudiants du campus de Dijon, où la formation en Bachelor comprend une coloration géopolitique sur l’Europe centrale et orientale, ont eux aussi immédiatement réagi : un collectif s’est monté pour mettre en place un point de collecte sur le campus, lever des fonds via la Croix Rouge, recenser des hébergements disponibles et donner des cours de FLE, en partenariat avec le Secours Populaire. Pour en savoir plus sur le soutien de Sciences Po à l’Ukraine