Cinq propositions pour une croissance soutenable en Europe

Cinq propositions pour une croissance soutenable en Europe

par l'OFCE
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Dans la tradition de ses analyses des politiques publiques, l'OFCE propose une série de msures de politique économique visant à conduire l'Union européenne sur la voie d'une croissance par le biais d'une action coordonnée. Lire le Policy Brief (pdf 510 Ko).

Résumé

La sortie de la double crise de 2008 et de la crise des dettes souveraines se fait trop lentement pour espérer une résorption rapide du chômage et des principaux déséquilibres macroéconomiques (dettes publiques, dettes privées, système bancaire et balances courantes). Cela alimente des forces centrifuges à l'intérieur de la zone euro et de l'Union européenne dont le Brexit pourrait être un premier symptôme. Nous faisons cinq propositions pour sortir de l'entre-deux dans lequel se trouve l'Union européenne.

1.  Sans opérer de transferts entre États membres, une règle d'or de l'investissement public permettrait de créer de la marge de manœuvre budgétaire dans tous les pays et permettrait d'accélérer la sortie de crise dans les pays qui connaissent un chômage élevé tout en construisant les actifs qui renforceront les bilans patrimoniaux des Etats.

2.  Une coordination des leviers d'action sur les salaires  (salaire minimum,  assurance chômage, dévaluation fiscale) aurait comme objectif d'augmenter plus vite les salaires que la productivité dans les pays en surplus et moins vite dans les pays en déficit de la balance courante. Cette règle d'or symétrique des salaires pourrait aider à résorber les déséquilibres de balance courante.

3.  Un choc sur le prix du carbone serait à même de provoquer une rupture dans la rentabilité  des investissements  dans la transition  vers une économie zéro carbone. La question de la bonne allocation  serait assurée par  le signal  prix,  l'intervention publique se concentrant sur la compensation des perdants. Une taxe aux frontières permettrait de limiter les fuites de carbone. Un recyclage de la taxe carbone dans la baisse des impôts, dans des fonds d'aide à la transition, dans des dispositifs de tiers financeurs réduirait les pertes des détenteurs de capital brun. En allant au-delà du recyclage de la taxe carbone, on augmenterait l'acceptabilité politique et le stimulus à l'économie européenne.

4.  Un  règlement  déterminé  des créances douteuses favoriserait un  assainissement pérenne des systèmes bancaires européens où plus de 1 000 milliards de créances douteuses sont identifiées, en particulier dans  les pays en crise. C'est à la fois un facteur de paralysie et de divergence dans l'Union  européenne. Les schémas de bad bank et de titrisation ont fait leur preuve pour réduire au minimum  le coût de l'absorption de ces créances douteuses.  En utilisant une architecture proche de celle du Quantitative Easing on peut confier la supervision du dispositif à une institution européenne (par exemple la BCE) sans impliquer de transferts entre États membres.

5.  Pour assurer une coordination efficace, à la hauteur des déséquilibres existants, pour sortir du piège d'une vision à court terme de la stabilité des finances publiques, pour permettre un plein exercice de la souveraineté monétaire tout en limitant  les transferts implicites ou explicites entre Etats membres, il faut renforcer la légitimité  et clarifier les responsabilités  des institutions européennes. Ceci demande de refonder le fonctionnement  démocratique de l'Union que ce soit par un pouvoir accru du Parlement européen ou par une nouvelle chambre.

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