Ségrégation résidentielle | Expatriées à Abu Dhabi
Ségrégation résidentielle | Expatriées à Abu Dhabi
- Images Asim Bharwani (CC BY-NC-ND), Jeanne Menjoulet (CC BY), Thomas Arrivé
Séminaire scientifique de l'OSC 2017-2018
98, rue de l'Université 75007 Paris - salle Annick Percheron
vendredi 1er juin 2018 de 11h15 à 13h15
Claire Cosquer (OSC)
Une cage dorée ?
Expériences genrées de "l’expatriation" à Abu Dhabi
et
Quentin Ramond (OSC-LIEPP)
Quel est le rôle du statut d’occupation du logement dans les dynamiques de ségrégation résidentielle des classes moyennes ?
Une cage dorée ? Expériences genrées de "l'expatriation" à Abu Dhabi
S’appuyant sur l’enquête ethnographique menée dans le cadre de ma thèse (observations et entretiens, n=70), cette communication porte sur les rapports de genre dans les migrations françaises à Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis), en décrivant plus particulièrement les expériences migratoires des femmes. Elle propose de rendre compte des expériences de celles que l’on désigne souvent comme « femmes d’expat’ » au travers d’une série de trois ambivalences.
Une première source d’ambivalence provient de la contradiction apparente entre l’appartenance à une migration privilégiée, permettant une élévation du niveau de vie et du statut social du couple, et l’intensification de leur assignation à une sphère et des rôles construits comme féminins. En d’autres termes, la migration semble avoir ce double effet d’élever le niveau de vie tout en exposant les femmes à une domination masculine visiblement renforcée, dans certaines de ses dimensions, par les structures migratoires.
Une deuxième ambivalence est cristallisée par le recours massif à l’emploi domestique, qui représente pour les enquêtées à la fois une exploitation libératoire mais aussi une continuation de la contrainte domestique sous d’autres formes.
Enfin, la massivité de l’homosociabilité de genre est à l’origine d’un troisième type d’ambivalence, en ce qu’elle est à la fois la conséquence d’assignations structurelles et l’espace de résistances diverses.
Quel est le rôle du statut d’occupation du logement dans les dynamiques de ségrégation résidentielle des classes moyennes ?
Cette recherche présente l’évolution de la ségrégation des classes moyennes selon le statut d’occupation du logement entre 1999 et 2013, à partir des données individuelles du recensement. La ségrégation est d’abord étudiée dans les 50 plus grandes aires urbaines en France. L’étude se focalise ensuite sur l’agglomération parisienne.
Les résultats indiquent que l’accession à la propriété, relativement à la location, implique un rapprochement spatial important entre les classes moyennes et les classes populaires. Toutefois, le fait d’avoir des enfants rapproche davantage les classes moyennes locataires des quartiers populaires et des difficultés auxquelles ils peuvent être associés, notamment dans le champ scolaire.
Dans l’agglomération parisienne, la propriété entraîne en outre un éloignement des classes supérieures. Parallèlement, ses effets sur l’éloignement des classes populaires locataires disparaissent, en particulier dans les zones où les prix de l’immobilier ont fortement augmenté.
L’analyse met en lumière les spécificités de la ségrégation des classes moyennes, en soulignant la tension entre sécurisation patrimoniale et accès à des environnements urbains favorables au maintien de leur statut. C’est une façon de mettre en perspective les effets du logement et du territoire sur la différenciation de ce groupe et d’interroger le rôle des politiques du logement dans la ségrégation.
L'inscription préalable est obligatoire pour les extérieurs à Sciences Po : bernard.corminboeuf(at)sciencespo.fr.
Crédits photo : Asim Bjarwani, Sunset in Abu Dhabi (CC BY-NC-ND) ; Jeanne Menjoulet, Ivry-sur-Seine (CC BY), Thomas Arrivé (DR Sciences Po).