Street Art
Collection digitale de STREET art Latino-Américain de l’OPALC

Bogotá

La scène artistique a explosé à Bogotá depuis le début des année 2000. S’ajoutant à une tradition de slogans politiques qui datant des années 60, les nombreux chantiers récents dans la ville ont offert d’innombrables murs aux artistes. Bogotá est par ailleurs le théâtre d’une concertation entre autorités publiques et artistes qui vise à réguler l’accès à l’espace public. Dans l’ouvrage Street art and democracy in Latin America, Bogotá est considérée à ce titre comme un cas emblématique.

Artistes identifiés

DJLU
Artiste colombien qui intervient dans l’espace public depuis le début des années 2000, DJLU recourt à une technique simple : la juxtaposition de deux pictogrammes produit une signification que l’artiste veut la plus explicite possible. Les pochoirs peuvent aussi s’assembler pour composer une fresque relevant de la figuration narrative.
DJLU aborde des thématiques sociales et politiques et se situe le plus souvent dans le registre de la dénonciation. Bien que son pays ait été ravagé par un demi-siècle de guerre civile, il délivre un message à vocation universelle. Pour cette raison, il a intitulé sa série Señalética para un mundo mejor (« signalétique pour un monde meilleur »). Les photos tournent autour de cette thématique générale, avec un accent particulier sur la guerre et la paix et sur la critique des excès du capitalisme.
Lesivo
Lesivo développe des compositions par lesquelles il dénonce les méfaits du capitalisme. Est présentée ici une fresque divisée en deux photos. Le registre est sarcastique, avec une multiplication des marqueurs sémantiques qui peuvent laisser libre cours à l’imagination.
Stinkfish
Le street artiste colombien Stinkfish revendique clairement son adhésion à l’idéologie anarchiste. Comme d’autres, il a baigné dans la culture punk et tâche de vivre en dehors de l’empreinte du capitalisme et de la logique de profit dont il est très critique. Il est souvent considéré comme l’archétype de l’artiste rebelle, qui chérit son indépendance et sa liberté.
Pour autant, sa production artistique n’est pas agressive. Elle est même empreinte d’une certaine candeur. Stinkfish part de photos pour composer des portraits aux traits oniriques. Cette technique, souvent appliquée à des visages d’enfants très expressifs, lui a permis de voyager et de travailler au plus près des communautés. Il anime un collectif d’artistes appelé “Animal” et il signe certaines de ses œuvres d’un autre nom d’artiste, Knits.
Toxicomano
Au même titre que DJLU, avec qui il collabore souvent, Toxicomano est un artiste reconnu de Bogotá. Auteur de nombreuses fresques qui résultent commandes publiques de la municipalité, il a par ailleurs développé une stratégie d’intervention dans l’espace public destinée à alerter l’opinion, par l’usage de l’humour et de l’ironie. L’artiste, qui travaille parfois en groupe, a créé une galerie de personnages qui reviennent d’une œuvre à l’autre, à la manière d’une bande dessinée ou d’un fil conducteur, et qui permettent d’identifier l’artiste aisément et de suivre sa trajectoire et son message.

Anonymes

Engagement politique
De nombreux artistes anonymes utilisent les murs à des fins partisanes. Souvent, il s’agit de contribuer à une campagne électorale, en dénonçant des candidats conservateurs ou en soutenant des candidats progressistes. La critique s’étend aussi parfois à la politique en général en régime démocratique (corruption, mensonges…).
Mobilisation sociale
Différentes causes sont soutenues par les street artistes de Bogota : le féminisme et la diversité sexuelle, la paix, les faux positifs (jeunes assassinés par l’armée qui les faisait passer pour des combattants des FARC), la dépénalisation de la drogue, l’accès à l’eau, l’éducation, la migration, et le soutien à des manifestations.
Portrait
La réalisation de portraits répond à différents motifs : hommages multiples (les disparus, le comique Jaime Garzón assassiné en 1999), valorisation d’un style et d’une culture ou projection d’une appartenance à un groupe.