Le rapprochement diplomatique Espagne/Cuba

Écris par Sarah Vignaud

étudiante de Master 1 à l'IHEAL

 

J'ai choisi de traiter le sujet du rapprochement diplomatique entre l'Espagne et Cuba pour cette synthèse d'actualité. Pour cela, je dispose de six articles, se situant entre 2007 pour le plus ancien et début novembre 2009; Grâce à ces articles nous pouvons avoir un état des lieux général des relations entre l'Espagne et Cuba mais aussi dans une certaine mesure avec les États-Unis et l'Union Européenne.

Comme le mentionne l'article de Antonio Garcia, le rapprochement entre ces deux états n'est pas récent: en avril 2007 les médias parlaient déjà de la signature d'un accord de collaboration en matière de droits de l'homme (mécanisme de consultation politique et dialogue sur les droits de l'homme) entre le ministre socialiste des affaires étrangères Miguel Angel Moratinos et son homologue cubain Felipe Perez Roque. Il rappelle d'ailleurs que les relations diplomatiques entre les pays de l'Union Européenne et Cuba étaient suspendues depuis 2003 en signe de protestation contre les répressions des autorités castristes sur des dissidents et journalistes sur l'île. Tous les articles mettent en avant ce changement de cap voulu par l'Espagne; on trouve d'ailleurs dans la plupart des articles une citation que l'on attribue au ministre des affaires étrangères espagnoles « un changement de cap, une nouvelle étape ».

Lors de sa visite éclair les 18 et 19 octobre de cette année, le ministre espagnol a déclaré que « cette politique », sous entendue celle de l'Espagne, donnait des résultats et il a pu annoncer que le nombre de prisonniers était passé à 200 contre 300 l'an dernier ce qui est interprété comme un geste positif pour l'évolution des relations diplomatiques. Plusieurs articles mettent en avant le fait que les chiffres annoncés par le ministre ne sont pas vérifiables et que c'est notamment sur ce genre de point qu'il est attaqué par l'opposition. Plusieurs réactions sont ainsi rapportées par les articles: l'opposition espagnole s'exprime dans la presse au travers de José Maria Aznar (leader du Parti Populaire) qui était au pouvoir en 2003 et qui avait défendu une politique d'extrême fermeté de l'Union Européenne vis-à-vis de Cuba. Aznar qualifie l'action de l'administration actuelle d'une part de « véritable honte pour l'Espagne car elle représente un soutien à la continuité du régime castriste au lieu de donner un appui à la transition démocratique » et d'autre part allant à l'encontre de la position commune de l'Union Européenne alors que le PSOE (Partido Sicialista Obrero Español) qualifie cette visite de « positive » et met en avant le fait qu'elle permet de rétablir « le dialogue politique concernant les droits de l'homme ». Contrairement à l'opposition espagnole, la position de l'Union Européenne reste plus nuancée; le porte parole du commissaire au développement Amadeu Altafaj a déclaré que « le fait qu'un état membre soit parvenu à un tel accord peut être positif si les autorités cubaines appliquent cette approche de l'Union Européenne » et souligne d'ailleurs que « les sanctions à l'encontre de Cuba n'ont pas donné de résultats tangibles notamment en matière des droits de l'homme », tout comme le commissaire européen au développement Karel De Gutch  qui déclare que « il est très important » que la position commune des 27 fasse l'objet d'une révision. D'autres réactions nous sont également rapportées dans ces articles, ceux de l'opposition cubaine: il faut rappeler que lors de sa visite à Cuba, le ministre espagnole n'a pas rencontré les dissidents. Pourtant après son départ une réunion fut organisée à l'ambassade espagnole de La Havane entre la délégation du ministre et les dissidents qui l'ont boycotté; Miriam Leiva qui est la porte parole du mouvement des « Dames en Blancs » estimait que « le gouvernement espagnole a tourné le dos à la partie réprimée de la société civile ». On apprend d'ailleurs que « 37 opposants cubains dont 31 détenus politiques ont critiqué dans une lettre de 'complaisance' de Madrid à l'égard du 'totalitarisme' cubain craignant que cette attitude ne s'étende à l'Union Européenne pendant la présidence espagnole ».

La visite du ministre espagnole à Cuba mi-octobre n'est en rien une visite anodine et bon nombre d'articles soulignent le fait que ce soit le premier depuis 2003. En effet, comme le constate plusieurs articles, l'Espagne prend la présidence de l'Union Européenne le 1 janvier 2010, et la diplomatie est en première ligne depuis l'an dernier pour la levée des sanctions européennes et la reprise de coopération entre Bruxelles et La Havane. On peut remarquer que les cubains ont un fort espoir en cette présidence européenne espagnole comme nous le montre l'article du journal cubain; les réactions européennes et cubaines ne sont pas les seules à être rapportées par les médias, une réaction qui restait très attendue était celle du président américain Barack Obama. Quelques jours avant la visite du ministre Moratinos, le président américain et le premier ministre José Luis Zapatero se sont rencontrés et Barack Obama lui aurait demandé que son ministre des affaires étrangères « presse le régime castriste d'entamer des réformes et d'améliorer la situation des droits de l'homme ». Cette requête rapportée par le journal El Pais témoigne de l'évolution et du tournant potentiel des relations américos-cubaines qui commence par une nouvelle vision du président américain lui même, à condition que La Havane « prenne des mesures préalables ».

Les articles dont nous venons de faire la synthèse mettent en évidence deux éléments qui à mon sens sont importants et méritent d'être suivi dans les semaines et mois à venir: tout d'abord le rôle de l'Espagne sur la scène internationale; à l'heure actuelle, l'Espagne apparaît comme un médiateur, un intermédiaire entre Cuba et les États-Unis et pourrait contribuer à l'amélioration des relations entre les deux États. Ensuite la place que va jouer l'Espagne sur la scène internationale lorsqu'elle prendra ses fonctions à la tête de l'Union Européenne: depuis plus d'un an elle se bat pour l'élaboration d'une nouvelle position commune des 27 et la levée des sanctions de ceux-ci. Une situation bloquée depuis plus de 10 ans avec l'Union Européenne commence à se débloquer et nous pourrons voir si sous la présidence de l'Espagne l'évolution se confirme.

 

Annexe bibliographique:

-Antonio Garcia,  Madrid renoue avec La Havane, 4 avril 2007: http://www.rfi.fr/actufr/articles/088/article_50813.asp

-Cuba-Obama: une « mission » pour Madrid, 26 octobre 2009: http://www.lejdd.fr/International/Depeches/Cuba-Obama-Une-mission-pour-M...

-Madrid défend sa politique de rapprochement avec Cuba, 28 octobre 2009: http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/200910/28/01-915...

- 'Moratinos se defiende de las criticas de presos cubanos y dice que se trabaja para avanzar', 27 octobre 2009: http://www.elpais.com/articulo/espana/Moratinos/defiende/criticas/presos...

-Mauricio Vicent, 'La UE pide a Cuba gestos en materia de derechos humanos', 4 novembre 2009: http://www.elpais.com/articulo/internacional/UE/pide/Cuba/gestos/materia...

-Mauricio Vicent, 'Presos politicos cubanos cuestionan la politica hacia Cuba de Moratinos', 30 octobre 2009: http://www.lanuevacuba.com/2009/Oct/notic-09-10-3040.htm

 Source RFI

 Source Cyberpresse

 Source RFI

 Source RFI

 Source RFI

 Source RFI

 Source El Pais

 Source RFI

 Source Cyberpresse

 Source La Nueva Cuba

 Source Le JDD - El Pais

 Source Le JDD - El Pais

 Cf. déclaration du ministre espagnole rapportée par le journal El Pais: « "Nosotros trabajamos para que todo mejore y la situación avance. Y eso es lo que estamos haciendo", ha argumentado Moratinos »

 

Mis à jour le 27 Janvier 2010

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